Le brutal pivot de la politique étrangère des Etats-Unis depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump est un séisme qui ébranle autant les états-majors que l’ensemble des acteurs de l’industrie de défense européenne. Au-delà du trou que pourrait représenter le retrait de 20 000 soldats américains du continent – ce chiffre, avancé par certains officiels du Pentagone, signifierait un retour aux effectifs d’avant-guerre en Ukraine –, c’est l’alignement de plus en plus prononcé de Washington sur les intérêts de Moscou qui suscite beaucoup d’inquiétude et a amorcé, dans de nombreuses capitales, un examen inédit des moyens de limiter les dépendances.
A l’issue de la réunion à Paris, mercredi 12 mars, des ministres de la défense du groupe informel dit « E5 » (Pologne, Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie), créé au lendemain de l’élection du président américain, le ministre de la défense allemand, Boris Pistorius, a affirmé qu’il avait proposé, depuis la mi-février, une « feuille de route » sur le sujet au secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth. Un document destiné à essayer d’organiser le nouveau « partage du fardeau » réclamé par Washington, tout en évitant de créer « des lacunes capacitaires » et de permettre une transition « progressive pour savoir qui fait quoi et compenser les pertes ». Le plan « réarmer l’Europe », présenté le 4 mars, par la Commission européenne avec l’objectif de lever jusqu’à 150 milliards d’euros pour de nouveaux investissements sur les marchés, s’inscrit dans le même esprit.
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