L’archéologie préventive consiste à préserver ce que l’on appelle les « archives du sol », avant que passent les bulldozers des aménageurs. Elle se déroule en deux phases, le diagnostic – où de petits sondages sont effectués sur la zone à aménager –, puis la fouille si ledit diagnostic a montré un site digne d’intérêt. Et, parfois, la fouille révèle des pépites à côté desquelles les sondages étaient passés ! Cela a été le cas pour une fouille menée entre octobre et décembre 2024 à Dijon, préalablement à la restructuration du groupe scolaire Joséphine-Baker. En plus d’une petite nécropole de nourrissons gallo-romaine, que le diagnostic avait signalée, une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a eu la surprise de mettre au jour un alignement de 13 tombes gauloises atypiques : leurs occupants se tenaient assis, une position rarement retrouvée dans les sépultures gauloises. L’absence presque totale d’objets accentue le caractère mystérieux de ces inhumations difficiles à interpréter.
Avant de se lancer dans une tentative d’interprétation, il faut présenter, scruter, analyser les faits. A Dijon, les archéologues de l’Inrap ont travaillé sur une « emprise » d’environ 1 000 mètres carrés. En bordure ouest de cette parcelle est donc apparu un alignement nord-sud « de 13 fosses circulaires, de 1 mètre de diamètre, espacées de 60 centimètres à 1 mètre, contenant chacune un individu assis, décrit Hervé Laganier (Inrap), responsable de l’opération. On a la limite sud de cette série de tombes, mais on ne sait pas si elle se poursuit plus avant vers le nord ». Il n’est pas interdit de le penser, car une fouille des années 1990, effectuée à moins d’une centaine de mètres au nord du groupe scolaire, avait déjà exhumé deux squelettes en position assise dans des fosses circulaires… La ligne des 13 tombes découvertes fin 2024 est coupée en deux par une fosse récente de récupération des eaux usées, dont l’installation a probablement détruit trois à cinq sépultures antiques, estime Hervé Laganier.
Il vous reste 69.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.