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A-t-on perdu le sens de l’humour satirique et politique, ou Guillaume Meurice est-il allé trop loin ? Suspendu d’antenne après avoir réitéré, le 28 avril, sur France Inter sa blague du 29 octobre 2023 sur le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, « une sorte de nazi mais sans prépuce », l’humoriste de la « bande à Charline Vanhoenacker » dans l’émission « Le Grand Dimanche soir » est convoqué, jeudi 16 mai, par la direction de Radio France à un entretien préalable « en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée de [son] contrat à durée déterminée pour faute grave ».
Dans ce contexte électrique au sein de la Maison de la radio, où les syndicats considèrent que la liberté d’expression est mise en danger, il est instructif de consulter la dernière sélection hebdomadaire de chroniques humoristiques, envoyée par mail, dimanche 12 mai, aux abonnés de la newsletter « L’humour d’Inter ». A propos de la polémique Meurice, le seul billet d’humeur retenu est celui de Tanguy Pastureau. Un choix qui n’est pas anodin.
Lundi 6 mai, dans l’émission de Nagui « La Bande originale », l’humoriste qui « maltraite l’info » a intitulé sa chronique « Mise au point ». Tout en déplorant que la radio choisisse la procédure plutôt que le dialogue (« A cause de la direction de Radio France, tous les salariés d’Inter vont être accusés de travailler pour une chaîne qui bafoue la liberté d’expression, bravo, bien joué »), Tanguy Pastureau rappelle : « Les humoristes ont une responsabilité. Certains d’entre nous ont 900 000 followers, font des salles de 2 000 places, 5 millions de vues YouTube, les algorithmes nous ont donné plus de pouvoir d’influence que l’ensemble du gouvernement, c’est plus juste des vannes, tout est démultiplié, et le peuple est à cran. (…) Vous n’êtes plus juste des clowns. »
Et l’humoriste de poursuivre : « Dire d’un juif, même le plus atroce d’entre eux, que c’est un nazi, ça peut choquer, rapport à l’histoire, parce que le monde n’a pas commencé à la naissance de notre nombril. (…) Alors on peut rire de tout, mais si on accepte que face à nos mots, parfois les autres pleurent. Et crient. Et soient blessés. C’est la vie. C’est pas juste “l’essstrême-droite pas gentille”. Les gens ont un cœur. »
Débat houleux
Guillaume Meurice suscite un débat houleux parmi ses pairs de la radio publique. Aux réserves émises par Tanguy Pastureau s’ajoute la position radicale de Sophia Aram. La tout juste lauréate du Molière de l’humour a jugé, mardi 7 mai, sur le plateau de « C à vous », sur France 5, que le trublion du « Grand Dimanche soir » avait fait une « blague pourrie ». Dans sa chronique publiée dans Le Parisien, dimanche 12 mai, l’humoriste-éditorialiste de France Inter enfonce le clou. Fustigeant la « fabrique du martyr », elle n’hésite pas à faire le procès de l’émission de Charline Vanhoenacker : « La compassion [n’est] visiblement pas mieux partagée que le doute et la nuance au sein de cette fanfare que plus rien n’empêche désormais d’avancer vers son destin : être le pendant de “gôche” de “L’Heure des pros” », dans une référence à l’émission très conservatrice de Pascal Praud, sur CNews.
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