Plusieurs centaines d’agriculteurs français ont manifesté jeudi 28 novembre devant des établissements publics pour demander une halte aux « entraves » administratives, allant jusqu’à ériger des murs symboliques devant l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et souder les portes de l’Office français de la biodiversité à Toulouse.
Une centaine d’agriculteurs ont ainsi érigé dans la matinée un mur de cartons pour bloquer symboliquement l’entrée de l’Anses à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne. Des agriculteurs franciliens, emmenés par l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, ont déposé des boîtes en carton vides devant le siège de l’Anses pour inciter l’agence « à déménager à Bruxelles, pour qu’elle arrête de contredire les réglementations européennes », a justifié Cyrille Milard, président de la branche de la FNSEA dans la Seine-et-Marne.
Une délégation a été reçue à l’Anses, dont la direction a évoqué des échanges « de qualité », portant notamment sur l’utilisation des produits phytosanitaires en France et les interdictions au niveau européen. La direction de l’Anses a ajouté qu’elle avait sollicité un rendez-vous avec le président de la FNSEA.
Une action similaire a été menée à l’aube, avec des parpaings cette fois, devant l’Inrae, situé dans le 7e arrondissement à Paris. Réunis très tôt, avant 6 heures, sans tracteurs ni engins, des agriculteurs ont d’abord été encerclés par les forces de l’ordre, puis, dans le calme, ont posé les parpaings devant l’Inrae. Vers 7 h 30, ils avaient commencé à se disperser. L’accès à la porte d’entrée du bâtiment n’a pas été bloqué. Tagué en orange sur le mur d’environ deux mètres de haut, on pouvait lire « INRA escrolos », tandis qu’une banderole affiche : « A vendre, ne sert plus à rien – Bail à céder – Economie réalisée : 1,1 milliard EUR ».
« Que des contraintes »
Lors de leur action, organisée par l’alliance syndicale agricole majoritaire FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), les manifestants ont accusé l’Inrae d’organiser « la décroissance », de ne plus leur « donner les moyens de remplir [leur] fonction de producteurs ». « On finance un institut national à un milliard d’euros par an qui ne nous rapporte que des contraintes », a souligné Donatien Moyson, coprésident des Jeunes Agriculteurs Ile-de-France Ouest.
L’Inrae a estimé dans un communiqué que « les critiques » dont il fait l’objet « ne rendent pas compte » des résultats obtenus par ses chercheurs, ingénieurs et techniciens, et a assuré « poursuivre ses recherches au meilleur niveau pour concevoir des systèmes de production agricoles et alimentaires durables et rémunérateurs ».
A Nice, des agriculteurs ont déversé au petit matin du fumier et de la laine de mouton devant les grilles de la préfecture pour manifester leur colère. A Toulouse, c’est de la paille que les agriculteurs ont déposée sur les marches de la cité administrative, avant de souder un portail pour bloquer l’accès à un bâtiment hébergeant une agence de l’eau et l’antenne locale de l’Office français de la biodiversité (OFB).
Un autre « mur des contraintes » a été érigé à Châlons-en-Champagne (Marne) par une cinquantaine de militants du syndicat majoritaire. Ils ont aussi installé sur le toit de l’agence locale de l’OFB un « nid de cigognes » avec des branchages, comme ceux qui obstruent les cours d’eau par manque d’entretien des fossés, a expliqué Carole Meilleur, responsable communication de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles de la Marne.
Les organisations syndicales reçues au ministère vendredi
La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a condamné jeudi matin, dans une déclaration à l’Agence France-Presse, « avec la plus grande fermeté, toute atteinte aux personnes et aux biens, qui nuit aux revendications légitimes des agriculteurs ».
Mme Genevard devait recevoir jeudi après-midi le président de l’Inrae, « pour évoquer l’enjeu de la simplification pour les agriculteurs, le rôle de l’institut et trouver des réponses communes aux trop nombreuses contraintes administratives », selon le ministère. Vendredi matin, elle recevra « à sa demande les organisations syndicales pour avancer sur des mesures concrètes qui visent à simplifier le quotidien de nos agriculteurs », ajoute son ministère.
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Après une première semaine de mobilisation sous le signe de l’opposition au projet d’accord de libre-échange entre l’UE et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), l’alliance syndicale a décidé d’axer cette nouvelle semaine de mobilisation agricole sur ce qu’elle considère comme des « entraves » au secteur, s’en prenant notamment aux services de l’Etat et aux préfectures. Mercredi, 28 actions ont eu lieu dans 24 départements, ont recensé les autorités, impliquant 1 600 personnes et 479 engins agricoles, dans des actions qui ont ciblé « davantage les bâtiments publics ».