- Depuis une quinzaine de jours, les flammes n’offrent aucun répit aux pompiers espagnols, qui luttent contre une quarantaine d’incendies dans le nord et l’ouest du pays.
- Environ 300.000 hectares sont déjà partis en fumée en août, dépassant les chiffres déjà vertigineux atteints sur l’année 2022.
- C’est la première fois que des feux ravagent une superficie aussi grande.
Depuis plusieurs jours déjà, de nombreuses régions espagnoles ont basculé dans le chaos, et l’épisode est loin d’être terminé. Les pompiers livrent depuis début août un combat acharné contre les flammes (nouvelle fenêtre), où des centaines de milliers d’hectares ont déjà été réduits en cendres. Sous d’épais panaches de fumées et des chaleurs étouffantes, des milliers d’habitants ont dû être évacués en urgence, tandis que plusieurs morts sont déjà à déplorer.
Au total, plus de 40 incendies sont en cours, selon le journal
El Paìs
(nouvelle fenêtre), principalement dans la région de Castille-et-León, dans le nord-ouest, mais aussi en Galice et dans l’Extrémadure, également à l’ouest. On compte même « 23 incendies actifs de niveau 2 »,
autrement dit des incendies qui représentent une menace grave et directe pour la population, a résumé lundi matin à la télévision publique TVE Virginia Barcones, directrice générale de la Protection civile et des Urgences.
« Nous vivons une situation d’incendies sans précédent »
, a-t-elle aussi indiqué à la radio Cadena Ser (nouvelle fenêtre). L’Unité militaire d’urgence, déployée en cas de catastrophe majeure, « n’a jamais rien vu de tel depuis sa création il y a 20 ans »
, a-t-elle insisté. Face à la gravité de la situation, le Premier ministre Pedro Sánchez a annoncé dimanche « un pacte national face à l’urgence climatique »
(nouvelle fenêtre).
En 13 jours, presque autant d’hectares brûlés que sur toute l’année 2022
Depuis qu’ils se sont déclarés au début du mois d’août, alimentés par une puissante vague de chaleur, ces méga-feux ont coûté la vie à quatre personnes, dont un pompier, tué dans un accident (nouvelle fenêtre). La course des flammes a obligé plus de 30.000 personnes à évacuer, selon El Paìs
.
L’ampleur du phénomène a été spectaculaire, en quelques jours seulement. D’après le même journal, au 5 août, un peu plus de 47.000 hectares avaient brûlé en Espagne depuis le début de l’année, selon les données du Système Européen d’Information sur les Incendies de Forêt (EFFIS), un indicateur de l’observatoire européen Copernicus. Mais depuis, quelque 300.000 hectares ont été brûlés : les relevés ont soudainement bondi pour atteindre plus de 348.000 hectares ce lundi en fin de journée.
Alors même que l’année n’est pas terminée, ces chiffres dépassent ainsi le précédent record de l’année 2022, la pire jusqu’alors sur le front des incendies depuis une trentaine d’années, avec 306.000 hectares partis en fumée (nouvelle fenêtre). « Autrement dit, en seulement 13 jours, presque autant de terres ont brûlé en Espagne qu’en 2022 »
, relève le quotidien espagnol.
Près de 80.000 hectares brûlés sur deux feux seulement
Il est ainsi d’ores et déjà certain que l’année 2025 sera donc la pire depuis le début du siècle pour l’Espagne, selon la télévision publique espagnole RTVE (nouvelle fenêtre). Deux incendies qui se sont déclarés à l’ouest du pays ces derniers jours ont été les plus ravageurs depuis 2000 : celui d’Uña de Quintana, dans la région de Zamora, qui a brûlé près de 40.000 hectares, et celui d’A Rúa, dans la région d’Ourense, qui en a brûlé plus de 38.000. Ils dépassent à deux la moyenne annuelle de superficie brûlée en Espagne.
Le ministère de la Transition écologique espagnol avance quant à lui des chiffres moindres, ne comptabilisant que les zones forestières brûlées et non les cultures, mais la tendance est également impressionnante. Dimanche soir, il a indiqué que près de 139.000 hectares de forêts avaient brûlé depuis le début de l’année et jusqu’au 10 août, selon El Paìs
. Ces données n’ont donc pas encore été actualisés, et devraient donc encore enfler, mais les autorités ont d’ores et déjà signalé que la superficie brûlée a été multipliée par 3,5 en cinq jours seulement (nouvelle fenêtre).
Le pays ibérique avait toutefois été ravagé par des feux encore plus impressionnants dans les années 1980 et 1990, avec un record de plus de 484.000 hectares brûlés en 1985. Depuis, les protocoles de lutte contre les incendies se sont consolidés et les investissements ont été renforcés. Mais les superficies brûlées repartent à la hausse : sous l’effet du réchauffement climatique, qui accroît les fortes chaleurs et la sécheresse, les incendies sont plus intenses, plus fréquents (nouvelle fenêtre), et les méga-feux se multiplient. Des facteurs locaux comme l’exode rural et une végétation incontrôlée alimentent aussi ces risques de brasier gigantesques.
Le Portugal également ravagé par les flammes
L’Espagne n’est pas la seule à souffrir de ces feux impressionnants : le Portugal fait aussi face à de violents incendies (nouvelle fenêtre), dans le nord et centre du pays, qui ont fait deux morts, dont un pompier. Au total, depuis le début de l’année, plus de 172.000 hectares ont été calcinés, selon l’Institut pour la Conservation de la Nature et des Forêts (ICNF), cité par le journal Publico
(nouvelle fenêtre). Un chiffré dépassant déjà la surface totale brûlée en 2024, de l’ordre de 136.000 hectares. En un seul week-end, samedi et dimanche derniers, 32.000 hectares sont partis en fumée.
Jamais une aussi grande superficie n’avait brûlé depuis 2017, année tragique pour le Portugal (nouvelle fenêtre) : 563.000 hectares avaient été réduits en cendres, un record européen depuis le début des relevés centralisés en 2006, tandis que 119 personnes avaient perdu la vie. Les autorités avaient ensuite multiplié par dix l’investissement dans la prévention et doublé leur budget de lutte contre les feux de forêt.
Les pompiers de la péninsule ibérique espèrent désormais une accalmie avec la fin de la vague de chaleur actuelle, anticipée par l’Agence météorologique espagnole (Aemet). Mais la lutte contre les flammes promet d’être encore longue pour les soldats du feu, avant une baisse effective des températures.