L’Etat va rapatrier des djihadistes français détenus en Irak, qui demandent depuis longtemps à purger leur peine en France, a déclaré le ministre de la justice, Gérald Darmanin, dans un entretien avec des lecteurs de La Voix du Nord, publié vendredi 25 avril.
Au cours de cet entretien, un lecteur du quotidien régional a demandé à M. Darmanin si l’Etat allait rapatrier trois Nordistes détenus en Irak, condamnés à mort, puis à la prison à vie. Le ministre a répondu : « Oui, comme c’est le cas pour beaucoup de détenus français dans le monde, en Iran ou ailleurs. » « Les nationaux doivent terminer leur peine de prison en France. J’estime qu’on ne peut pas demander à l’Algérie, au Maroc ou aux Etats-Unis de reprendre leurs nationaux touchés par une OQTF [obligation de quitter le territoire français] et refuser de faire revenir les Français détenus à l’étranger », a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions sur les modalités de ces éventuels rapatriements.
Le ministère des affaires étrangères n’a pas répondu dans l’immédiat aux sollicitations de l’Agence France-Presse pour réagir aux propos de Gérald Darmanin.
« Conditions indignes de détention »
« Les propos du garde des sceaux vont dans le bon sens, mais il reste à les transformer en actes, et vite », a commenté Marie Dosé, l’avocate de Djamila Boutoutaou, qui a écopé de vingt ans de réclusion criminelle en Irak en avril 2018. Sa cliente « est gravement malade et doit être rapatriée de toute urgence », a-t-elle insisté, soulignant avoir « sollicité son transfert à maintes reprises, en vain ».
De « nombreux motifs » justifient le transfert de ces détenus, a abondé Richard Sédillot, qui défend trois djihadistes français condamnés en Irak, dont le Nordiste Vianney Ouraghi. Leur « réinsertion » est alors « beaucoup plus simple à organiser », avec notamment la visite de leurs proches, a-t-il plaidé. « Leur présence en France permet aussi aux magistrats français de les entendre », alors que ces personnes sont visées par d’autres enquêtes en cours à Paris, a-t-il encore relevé.
Richard Sédillot a également souligné les « conditions indignes » de détention de ses clients, alors qu’une juge d’instruction enquête actuellement depuis Paris sur des soupçons de tortures sur six Français condamnés et détenus à Bagdad.