Des djihadistes affiliés à Al-Qaida ont publié une vidéo montrant une soixantaine d’hommes se présentant pour la plupart comme des soldats maliens ou burkinabés et demandant à leurs autorités d’obtenir leur libération. La publication de la vidéo par le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, survient au moment où les autorités maliennes et burkinabées, dominées par les militaires, affirment contenir la menace des attaques djihadistes.
Dans la vidéo de vingt minutes, consultée par l’Agence France-Presse (AFP) mardi 23 septembre, on voit une soixantaine de soldats maliens ou burkinabés se présenter en donnant leur nom et prénom, leur numéro de matricule ou leur rang au sein de leurs armées respectives. Ce clip, diffusé par le GSIM sur ses canaux de communication habituels, a été authentifié notamment par le site américain spécialisé Site.
« Le [GSIM] est une coalition de plusieurs katibas [unités de combattants], il n’est pas étonnant que le groupe puisse opérer de part et d’autres des frontières », et capturer des soldats des deux pays, explique à l’AFP Fahiraman Rodrigue Koné, chef du projet Sahel de l’Institut d’études de sécurité. Parmi les otages, certains portent des tenues militaires avec l’écusson de l’armée malienne sur leurs épaules, tandis que d’autres sont habillés en boubou.
« Parler » avec les djihadistes
Nombre de soldats maliens s’exprimant en bambara ont déclaré avoir été capturés mi-août, lors d’une attaque djihadiste contre la ville stratégique de Farabougou, dans le centre du pays. D’autres disent être entre les mains des djihadistes depuis 2023.
Dans leur message, les otages ont demandé à leurs autorités de « parler » avec les djihadistes pour obtenir leur libération. « Au moment où les autorités s’apprêtent à célébrer avec faste la fête de l’indépendance du Mali, comment, vous, officiers, Maliens, pouvez accepter que vos parents militaires soient aux mains des djihadistes ? », dit un membre du GSIM au début de la vidéo. Le Mali a fêté, lundi, le 65e anniversaire de son indépendance, présidé par le chef de la junte, le général Assimi Goïta, et marqué par une parade militaire d’envergure. Selon Site, la vidéo du GSIM a été publiée la veille.
« Les djihadistes ne demandent aux autorités ni or ni argent. Ils veulent juste qu’on nous échange contre leurs frères aux mains des autorités maliennes. Nous demandons [aux autorités] de les écouter, de parler avec eux afin que nous puissions regagner nos familles », a déclaré en bambara un otage malien, qui se présente comme un chauffeur à la présidence malienne.
A l’issue du défilé militaire, lundi, M. Goïta s’est toutefois félicité du « désarroi des groupes armés face à la pression » des militaires maliens. L’armée a réussi à « réaffirmer la souveraineté du Mali sur toute l’étendue du territoire », a-t-il déclaré. Le Mali, le Burkina ainsi que leur voisin du Niger sont confrontés à des violences meurtrières des groupes djihadistes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique. Les trois pays dirigés par des juntes autoritaires, ont fondé l’Alliance des Etats du Sahel.
Cette vidéo est « une action de propagande qui vise à affaiblir le narratif des capitales sahéliennes qui font passer l’idée que leurs armées coalisées seraient plus fortes et que [les djihadistes] obtiennent des victoires militaires », décrypte M. Koné.