Ce devait être un rassemblement d’écrivains qui viendrait arracher Boualem Sansal aux contentieux historiques, aux rapports de force diplomatiques. « Ceci n’est pas une soirée politique, on va parler de littérature ! », a proclamé le journaliste François Busnel, mardi 18 février, à l’Institut du monde arabe (IMA), en ouverture de la réunion organisée par l’IMA et les éditions Gallimard, en soutien au romancier franco-algérien emprisonné à Alger, depuis le 16 novembre 2024, pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ».
Or il n’en fut rien. Un écrivain enfermé pour ses mots, voilà une situation qui touche de près à la politique. D’emblée, celle-ci s’est donc imposée aux autrices et aux auteurs francophones (Patrick Modiano, Nathalie Azoulay, Amélie Nothomb, Hervé Le Tellier, Christine Jordis, Camille Laurens, Laurent Gaudé…) et étrangers (Jonathan Coe, Arundhati Roy, Roberto Saviano, Jon Kalman Stefansson…) qui avaient tenu à être présents d’une manière ou d’une autre, sur scène et à distance, à travers des textes ou des dessins (Joann Sfar, Xavier Gorce).
Toutes et tous avaient en tête cette donnée simple : si Boualem Sansal est en prison, c’est qu’un pouvoir en a décidé ainsi. Dénonçant le caractère de plus en plus dictatorial dudit pouvoir, plusieurs intervenants n’ont pas hésité à l’interpeller directement. Certains, comme l’écrivain Erik Orsenna ou le président de l’IMA, Jack Lang, ont parlé de l’Algérie avec un dépit passionné – leur discours était une protestation d’amour. Rappelant tous deux qu’une génération de Français était née à la politique, et à l’idéal de liberté, en soutenant le combat pour l’indépendance de ce pays, ils ont regretté qu’un tel idéal s’y trouve désormais menacé.
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