Le dernier siècle a vu naître les neurotechnologies, alliance de neurosciences et de machines, dispositifs matériels, et logiciels conçus pour soulager certaines maladies neuropsychiatriques et réparer des fonctions déficientes (motricité, sens, parole…). Les neurotechnologies peuvent être implantées dans le cerveau (dispositif intrusif) ou être disposées à la surface du crâne (bandeau ou casque, dispositif non intrusif). Des acteurs commerciaux vendent désormais ces appareils pour mesurer les performances humaines, voire « augmenter » l’homme, à l’école ou au travail. Retour sur neuf décennies de découvertes scientifiques, de lancements commerciaux et de tentatives d’encadrement de ces recherches et pratiques.
- 1935 : première lobotomie (section de fibres reliant diverses parties du cerveau), acte intrusif réalisé par le neurologue Antonio Egas Moniz à Lisbonne
► 1947-1948 : le code de Nuremberg fonde l’exigence du consentement éclairé pour toute intervention expérimentale ou invasive. - 1949 : le prix Nobel de médecine est décerné à Antonio Egas Moniz pour sa technique de lobotomie très vite controversée. Pour autant, des milliers de patients souffrant de troubles mentaux, TOC ou dépression recevront ce traitement pendant des décennies, en grande majorité des femmes (entre 1935 et 1985, elles représentent 84 % des actes en Belgique, en France et en Suisse, selon la revue Nature).
► 1964 : la déclaration d’Helsinki de l’Association médicale mondiale rejette toute expérimentation ou traitement sans bénéfice prouvé et sans respect de la dignité humaine.
► 1975 : la Déclaration des droits des personnes handicapées mentales de l’ONU dénonce les traitements dégradants et le non-respect du consentement des patients psychiatriques. - 1987 : premiers implants pour traiter la maladie de Parkinson. Cette stimulation cérébrale profonde (dispositif intrusif) est réalisée par Alim Louis Benabid (neurochirurgien) et Pierre Pollak (neurologue), au CHU de Grenoble. Près de 250 000 personnes dans le monde ont été implantées.
- 1999 : premiers implants intracrâniens pour traiter les TOC et le syndrome de la Tourette (dispositif intrusif) réalisés à l’hôpital universitaire de Louvain et Gand (Belgique) par respectivement Bart Nuttin et Veerle Visser Vandewalle.
- 2005 : premiers implants intracrâniens pour traiter la dépression résistante (dispositif intrusif) par Helen Mayberg (neurologue) et Andres Lozano (neurochirurgien) à l’université de Toronto, au Canada.
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