Plus d’une dizaine d’organisations non gouvernementales (ONG) ont dénoncé, mardi 20 mai, le souhait d’Emmanuel Macron de supprimer, au nom de la simplification, la directive européenne sur le devoir de vigilance, qui impose aux entreprises des règles en matière de respect de l’environnement et des droits humains.
« Nous exhortons le président Emmanuel Macron à respecter ses engagements et à préserver ce texte fondamental pour responsabiliser les multinationales et protéger les victimes », écrivent dans un communiqué douze ONG, dont Amnesty France, Attac et Oxfam. « A l’heure où la crise climatique et les inégalités s’aggravent, cette annonce va à rebours des urgences sociales et écologiques », dénoncent-elles.
La CS3D est une directive européenne qui impose aux entreprises des règles en matière de respect de l’environnement et des droits humains dans toute leur chaîne de production, y compris pour leurs fournisseurs et sous-traitants.
Lundi soir, Emmanuel Macron a déclaré à Versailles, devant les participants du sommet Choose France, que « la CS3D et quelques autres régulations ne [devaient] pas être simplement repoussées d’un an mais écartées ».
Il s’est dit « tout à fait d’accord avec le chancelier [allemand] Merz et d’autres collègues pour aller bien plus vite » en matière de simplification. Le 9 mai, Friedrich Merz avait appelé l’Union européenne (UE) à supprimer cette directive.
« Un alignement préoccupant de la France »
« En déclarant vouloir “synchroniser” les actions de l’UE et des Etats-Unis en matière de réglementation, Emmanuel Macron attaque frontalement un texte crucial pour responsabiliser les multinationales, et que son parti avait pourtant soutenu », ont déploré les ONG. Selon elles, « ce revirement acte un alignement préoccupant de la France avec les politiques brutales du président américain, Donald Trump, faisant aussi écho à la position du chancelier allemand ».
WWF France estime, dans un communiqué distinct, qu’« en demandant la suppression d’un devoir de vigilance qu’il avait lui-même poussé, Emmanuel Macron achève de renier ce qui restait de son bilan environnemental ». Les entreprises « retourneront aux 27 législations nationales et à une course en arrière écologique et sociale », ajoute l’organisation.
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En France, une loi sur le devoir de vigilance oblige depuis 2017 les grandes entreprises à prendre des mesures pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’activité.
Les ONG signataires du communiqué commun sont AID France, Les Amis de la Terre France, Amnesty France, Attac, Bloom Association, CCFD-Terre solidaire, Collectif éthique sur l’étiquette, FIDH Action, Max Havelaar France, Notre affaire à tous, Oxfam France, Sherpa et Reclaim Finance.