Les enquêtes s’enchaînent et leurs conclusions convergent : à l’international, l’attractivité de la France en recherche clinique décline inexorablement. En deux semaines seulement, deux études distinctes, publiées par le Leem (l’organisation professionnelle des entreprises du médicament, syndicat représentant l’industrie pharmaceutique) et l’AFCROs (association française des CROs – Contract Research Organization –, regroupant les sociétés prestataires en recherche clinique), viennent confirmer cette tendance préoccupante, amorcée il y a plus de quinze ans, d’une diminution du nombre d’essais cliniques dans notre pays.
Faut-il s’en inquiéter ? Oui, car participer à un essai clinique permet aux patients d’accéder précocement aux innovations thérapeutiques. Pour un pays, c’est un moyen stratégique de conserver des centres de recherche et de développement, et d’éviter que les industries de santé françaises ne deviennent de simples vitrines commerciales vendant des innovations conçues et développées ailleurs.
Concurrence de l’Espagne
Toutefois, il convient d’analyser ces données avec nuance. A l’échelle mondiale, le basculement progressif vers l’Asie, véritable poumon économique, est logique : longtemps en retrait, des pays comme la Chine, l’Inde ou encore la Corée du Sud captent désormais 60 % des essais cliniques mondiaux (contre seulement 19 % pour l’Europe, selon le Leem). Devenus des marchés pharmaceutiques de premier ordre (la Chine représente 7 % des ventes dans le monde, contre 2,9 % pour la France, talonnée par des pays émergents comme le Brésil), ils disposent d’atouts majeurs, notamment une importante population facilitant le recrutement de patients, ainsi que des bassins de populations dites « naïves », non exposées à des traitements de référence, qui simplifient l’évaluation des nouveaux médicaments. Leur industrie s’est fortement densifiée, y compris pour les PME innovantes en santé (biotechs, medtechs et sociétés du numérique).
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