On tentait de cheminer depuis trois heures déjà dans les réalités tortueuses du travail illégal, de la sous-traitance et du devoir de vigilance des entreprises, quand la présidente du conseil de prud’hommes a caché un instant son visage dans ses mains, comme assommée par tant de complexité. L’audience allait durer deux heures et demie de plus. C’est à un litige hors norme pour la justice prud’homale qu’ont fait face, vendredi 26 septembre, les quatre conseillers, juges non professionnels, de la chambre 1 de la section commerce du conseil de prud’hommes de Paris.
Exploités plusieurs années par un sous-traitant de Veolia, Paprec, Suez et Urbaser dans leurs centres de tri des déchets en Ile-de-France, ou affectés au nettoyage des bus Transdev, 11 anciens sans-papiers entendaient faire reconnaître leur préjudice : des salaires au rabais, des heures supplémentaires non payées, des journées s’enchaînant sans le temps de repos légal, des cadences accélérées. Entre autres.
C’est à la suite d’un énième accident du travail non déclaré qu’ils ont fini par alerter l’inspection du travail, laquelle a mené des contrôles coordonnés dans quatre centres de tri, fin 2022. Puis par sortir de l’ombre en août 2023, pour revendiquer, et obtenir, leurs embauches (puis leur régularisation) auprès des grandes entreprises donneuses d’ordre. Les mêmes qui leur font face en ce début d’après-midi dans la salle d’audience.
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