- Les États-Unis et l’Union européenne ont signé dimanche 27 juillet un nouvel accord commercial cadre.
- Ce compromis prévoit notamment l’instauration de droits de douane de 15 pour les importations européennes outre-Atlantique.
- La classe politique française est unanime, et dénonce les concessions d’Ursula von der Leyen.
Suivez la couverture complète
La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde
Ursula von der Leyen et Donald Trump évoquent le « plus grand »
accord commercial jamais conclu. Dimanche 28 juillet, la présidente de la Commission européenne et le président américain ont trouvé un terrain d’entente autour de l’instauration de droits de douane de 15% pour les produits de l’UE importés outre-Atlantique. Seuls quelques secteurs, dont les contours sont encore flous mais dont l’aéronautique devrait faire partie, sont épargnés par ces nouvelles règles contraignantes. Dans le même temps, les 27 ont consenti à des achats massifs d’hydrocarbures américains et à de nouveaux investissements au « pays de l’Oncle Sam ».
Un compromis « déséquilibré » pour le gouvernement
Mais du côté de la classe politique française, d’un extrême à l’autre, en passant par les partis plus modérés et le gouvernement, on dénonce un accord négatif voire nocif. Ce compromis « apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l’escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré »
, fustige le ministre français délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad. S’il épargne « des secteurs clés pour l’économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments) »
, exclut « toute concession pour (les) filières agricoles sensibles »
et « préserve (la) réglementation européenne sur des sujets comme le numérique ou le sanitaire »
, le nouveau rapport de force « n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable »
. « Washington fait le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l’OMC. Nous devons en tirer vite les conséquences ou risquer l’effacement »
, avertit-il, sur X.
L’accord commercial négocié par la Commission Européenne avec les Etats-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l’escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré. Il a le mérite d’exempter de tarifs des secteurs clés pour l’économie… — Benjamin Haddad (@benjaminhaddad) July 28, 2025
Même son de cloche du côté de son collègue au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, qui martèle ne « pas (vouloir) qu’on s’arrête à ce qui s’est passé hier »
car « ce serait effectivement assumer que l’Europe n’est pas une puissance économique ». « Est-ce que la construction européenne, est-ce que l’Union européenne est une force ? Si on veut que la réponse soit oui, alors la messe ne doit pas être dite hier (dimanche)
« , poursuit-il sur France Inter.
Tout a été cédé à Trump
Tout a été cédé à Trump
Jean-Luc Mélenchon
À l’extrême gauche, le coordinateur national de La France Insoumise, Manuel Bompard, qualifie le compromis entre les deux plus grandes puissances commerciales du monde de « honte »
. « Tout a été cédé à Trump avec le droit de changer les règles du jeu établies en 75 ans de relations bilatérales. Droits de douane, obligation d’achat, taxe de 5 % sur le PIB : le libéralisme, la concurrence libre et non faussée et autres règles du Traité de Lisbonne sont une mauvaise blague
« , poursuit Jean-Luc Mélenchon.
Quelle honte. https://t.co/yFQCMfx3Fm — Manuel Bompard (@mbompard) July 27, 2025
Tout a été cédé à Trump avec le droit de changer les règles du jeu établies en 75 ans de relations bilatérales. Droits de douane, obligation d’achat, taxe de 5 % sur le PIB : le libéralisme, la concurrence libre et non faussée et autres règles du Traité de Lisbonne sont une… — Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 27, 2025
Les communistes et les écologistes, réclament, eux – par la voix du sénateur Fabien Gay et du député Benjamin Lucas – un « vote »
devant le Parlement concernant ce texte controversé.
Ce n’est pas un accord #UE #EtatsUnis , c’est une reddition sans condition. 15% de droits de douane sur les exportations UE, 750 M $ d’achat d’énergie et 600 M $ d’investissements. Et une poignée de main ! Il ne peut être ratifié sans vote du Parlement européen et nationaux. — Fabien Gay (@fabien_gay) July 27, 2025
L’accord commercial conclu avec les États-Unis est mauvais pour le climat et pour l’emploi. Mettre un genoux à terre n’arrêtera pas Trump. Il faut un vote du Parlement européen et de l’Assemblée nationale. — Benjamin LUCAS (@Benjam1Lucas) July 27, 2025
Le terme de « honte »
est également repris à son compte par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. « Il donne le point à Trump en se soumettant à ses conditions et démontre qu’une fois encore les Européens privilégient leurs intérêts nationaux à toute logique européenne »
, s’insurge l’élu.
L’accord UE -USA est une honte. Il donne le point à Trump en se soumettant à ses conditions et démontre qu’une fois encore les européens privilégient leurs intérêts nationaux à toute logique européenne. — Olivier Faure (@faureolivier) July 27, 2025
La France, « spectatrice des affaires de l’Europe » ?
De l’autre
côté de l’échiquier politique, Nathalie Loiseau estime que « Ursula Von Der Leyen nie l’évidence (d’un) accord mauvais »
. « Mauvais pour le climat, mauvais pour notre autonomie stratégique, mauvais pour nos entreprises, l’Union européenne aurait pu montrer ses muscles, elle a courbé la tête »
, martèle la députée européenne Horizons. Le maire de Cannes et président de Nouvelle Énergie, David Lisnard, s’étonne que « la France (soit) devenue spectatrice à ce point de ce qui la concerne directement, y compris des affaires de l’Europe »
et réclame la mise en place d’une « nouvelle Europe »
.
Ursula Von Der Leyen nie l’évidence : cet accord est mauvais. Mauvais pour le climat, mauvais pour notre autonomie stratégique, mauvais pour nos entreprises, l’Union européenne aurait pu montrer ses muscles, elle a courbé la tête. https://t.co/p33dDiqKEj — Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) July 28, 2025
Concernant l’accord commercial entre l’UE et les USA, les réactions mitigées, réticentes et quoi qu’il en soit en mode commentaires de l’exécutif français sont révélatrices et étourdissantes d’interrogations : la France est-elle devenue spectatrice à ce point de ce qui la… — David Lisnard (@davidlisnard) July 28, 2025
Enfin, pour le Rassemblement national, Marine Le Pen parle d’un triple « fiasco »
, aussi bien « politique
« , qu’« économique »,
que « moral ».
« Cette mondialisation qui nie et brise les souverainetés est dépassée depuis de très longues années. Il serait temps que cette information arrive aux oreilles de la Commission européenne »
, assène la patronne des députés RN.
L’accord commercial conclu par Ursula von der Leyen avec Donald Trump est un fiasco politique, économique et moral. Politique, car l’Union européenne, à 27 États membres, a obtenu de moins bonnes conditions que le Royaume-Uni. Les souverainetés, en matière commerciale, ne… — Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 27, 2025
Au-delà de la classe politique, de premières branches ont commencé à réagir à ce nouvel accord commercial cadre, démontrant qu’il n’a sans doute pas fini d faire couler de l’encre dans les jours à venir.