A l’occasion du bicentenaire de la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, une commission franco-haïtienne d’historiens va étudier « l’impact » sur ce pays des Caraïbes de la « très lourde indemnité financière » imposée par la France à son ex-colonie en échange de son indépendance, et faire des « recommandations », a annoncé Emmanuel Macron, jeudi 17 mars.
Cette indemnité, décidée par le roi Charles X en 1825, « plaçait alors un prix sur la liberté d’une jeune nation, qui était ainsi confrontée, dès sa constitution, à la force injuste de l’histoire », a estimé le président français dans un communiqué.
Il n’évoque toutefois pas, à ce stade, une éventuelle réparation financière, telle que réclamée par les autorités haïtiennes. Mercredi, l’Elysée avait assuré que le chef de l’Etat tirerait « toutes les conclusions » à l’issue de ce travail de mémoire.
« Double dette »
En janvier, le président haïtien par intérim, Leslie Voltaire, a affirmé qu’Emmanuel Macron lui avait évoqué lors d’un entretien le principe d’une « restitution » – que la présidence française n’avait toutefois pas mentionnée dans son compte rendu de cette rencontre.
Dans le communiqué, Emmanuel Macron appelle à « reconnaître la vérité de l’histoire », et assure que le travail de la commission doit permettre de « renforcer la coopération éducative et culturelle, et [de] bâtir une relation renouvelée entre la France et Haïti, fondée sur l’écoute, le respect et la solidarité ».
Après la proclamation de l’indépendance, en 1804, à l’issue d’une victoire militaire contre le corps expéditionnaire napoléonien, les nouvelles autorités de Haïti acceptèrent, le 17 avril 1825, sous la menace des canons de la flotte française, de payer 150 millions de francs-or d’indemnité aux anciens propriétaires de terres et d’esclaves, en échange de la reconnaissance de l’indépendance par le roi Charles X. La somme fut ramenée, en 1838, à 90 millions de francs-or.
Pour s’acquitter de cette créance, la jeune république caribéenne dut s’endetter à des taux très élevés auprès de banques françaises. Le règlement de cette « double dette » s’est étalé jusqu’en 1952, date du paiement des derniers intérêts.