La nuit où sa maison a brûlé, Bill Stange a dormi à l’avant de sa camionnette, secouée par des rafales si violentes qu’elles ont arraché ses garde-boue. Avant de prendre la route, il avait calmement chargé dans le Toyota Tacoma plusieurs valises marquées d’un X peint à la bombe – celles où il garde les papiers importants – et l’une de ses 13 planches de surf. Entre deux allers-retours, il surveillait l’avancée du feu, d’abord avec l’application Watch Duty, comme des centaines de milliers d’autres résidents du grand Los Angeles ce soir-là, puis à l’œil nu.
Quand le vent se lève à Malibu, il faut dire adieu à Internet : la compagnie d’électricité coupe le courant pour empêcher que les lignes à haute tension ne déclenchent des incendies. « Comme il n’y a pas de réseau, nous dépendons du Wi-Fi, explique cet électricien de 66 ans. Alors, à 20 heures, on était coupés du monde. »
Depuis la crête, il a vu des flammes de 60 mètres illuminer le ciel nocturne au-dessus de Sunset Boulevard, puis Las Tunas, Big Rock et Las Flores, comme dans un jeu de un, deux, trois, soleil. Vers 21 heures, la lueur avait atteint le rivage et commençait à irradier derrière sa colline. Bill Stange le savait depuis son enfance : « Quand la lueur passe derrière vous, c’est que vous êtes le prochain. C’est imminent. »

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