Une vidéo consultée par l’Agence France-Presse contredit les déclarations israéliennes sur les secouristes tués près de Rafah
Le 23 mars, 15 secouristes et personnels humanitaires − huit membres du Croissant-Rouge palestinien, six membres de l’agence de défense civile de Gaza et un membre de l’ONU − ont été tués par des tirs israéliens à Rafah, dans le sud de Gaza, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Leurs corps ont été retrouvés le 30 mars, enterrés près de Rafah, dans ce que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a qualifié de « fosse commune ». Lors d’une conférence de presse vendredi à l’ONU, à New York, le vice-président du Croissant-Rouge palestinien, Marwan Jilani, a affirmé qu’une vidéo avait été filmée avec un téléphone portable par l’un des secouristes tués, retrouvé avec son corps.
Ce document, dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie, montre les gyrophares allumés et les signes distinctifs clairement reconnaissables des ambulances au moment même où les tirs sont déclenchés – le son des balles est audible pendant la séquence d’une quarantaine de secondes, diffusée par le New York Times.
« Cette vidéo réfute catégoriquement les affirmations de l’occupant selon lesquelles les forces israéliennes n’auraient pas ciblé les ambulances au hasard et que certains véhicules se seraient approchés de manière suspecte, sans gyrophares ni signes d’identification », a dit le Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué samedi, ajoutant : « Ces images exposent la vérité et détruisent ce faux récit. »
De son côté, le Hamas a dénoncé dans un communiqué « une tentative délibérée de dissimuler le crime en enterrant les victimes dans des fosses communes et en cachant la vérité ».
Les images ne correspondent pas avec les éléments communiqués par l’armée israélienne, qui a déclaré que des soldats avaient ouvert le feu sur des « véhicules suspects » tous feux éteints. Israël n’a pas « attaqué [la moindre] ambulance au hasard », avait ajouté, plus tôt cette semaine, l’un des porte-parole des forces armées, Nadav Shoshani, qui affirmait également qu’une enquête était en cours.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, le convoi avait été dépêché en réponse à des appels d’aide de civils pris au piège des bombardements à Rafah. La vidéo, apparemment filmée depuis l’intérieur d’un véhicule en mouvement, montre un camion de pompiers rouge et des ambulances circulant dans l’obscurité.
Les véhicules s’arrêtent ensuite à côté d’un autre véhicule sur le bord de la route, et deux hommes, l’un portant un uniforme d’ambulancier et l’autre un gilet de secouriste, en sortent. Quelques secondes plus tard, des tirs nourris éclatent et l’écran devient noir. On entend ensuite l’ambulancier en train de filmer réciter la chahada, la déclaration de foi traditionnellement prononcée par les musulmans avant la mort : « Il n’y a de Dieu que Dieu, et Mahomet est son messager », répète-t-il sans arrêt, la voix tremblante de peur.
Les tirs nourris continuent et on l’entend dire : « Pardonnez-nous les gars, pardonne-moi maman, car j’ai choisi cette voie, celle d’aider les gens. » Il ajoute ensuite et à plusieurs reprises : « Dieu, acceptez mon martyre et pardonnez-moi. » Et, juste avant la fin de la vidéo et alors que les tirs continuent, il dit : « Les juifs arrivent, les juifs arrivent », en référence aux soldats israéliens.
Plus de 1 200 Palestiniens ont été tués depuis la reprise des bombardements israéliens sur Gaza, le 18 mars. L’Etat hébreu prive l’enclave de toute aide depuis plus d’un mois. Les vivres viennent à manquer et le système de santé a de nouveau été pris pour cible.
Dans la bande de Gaza, les humanitaires impuissants face à la guerre « sans limite » d’Israël
Par Ghazal Golshiri, Clothilde Mraffko

Chaque jour, Basel Alaila marche des kilomètres dans les rues défoncées de Gaza pour récupérer un ou deux gallons d’eau. De l’eau salée, tout juste potable. Pendant quelques semaines, au début de l’année, le Palestinien de 36 ans, père de deux garçons et d’une fillette née pendant la guerre, a cru qu’il reprenait un peu le contrôle sur sa vie. La trêve entre Israël et le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis à l’aide humanitaire d’entrer en masse. Fruits, légumes, volailles ont réapparu sur les étals des marchés et les prix ont chuté. Mais, depuis le 2 mars, Israël a tout stoppé. Seules sont encore autorisées des évacuations médicales.
Donald Trump publie une vidéo d’un bombardement sur des houthistes
Le président américain, Donald Trump, a publié, vendredi sur son réseau Truth Social, une vidéo censée montrer des dizaines de combattants houthistes tués lors d’une frappe américaine au Yémen.
Les images, en noir en blanc et prises depuis une vue aérienne – comme si elles avaient été filmées par un drone militaire – montrent plusieurs dizaines de personnes rassemblées en rond, en ligne de mire d’abord, puis bombardées. S’ensuivent une épaisse fumée, puis des plans sur le site bombardé, où il ne reste rien, si ce n’est quelques voitures.
« Ces houthistes se sont regroupés pour recevoir des instructions sur une attaque », a écrit Donald Trump sous la vidéo. « Oups, il n’y aura pas d’attaques faites par ces houthistes. Ils ne couleront plus jamais nos navires ! », a-t-il ajouté.
Mardi, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, s’était réjouie de plus de « 200 frappes réussies » contre les houthistes, dans un contexte de tensions accrues entre les Etats-Unis et ces rebelles yéménites.
Les houthistes visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, perturbant l’accès au canal de Suez, par lequel passe 12 % du trafic maritime mondial. Ils affirment s’en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.
Un général israélien condamne le comportement « inacceptable » de soldats et de colons en Cisjordanie
Un haut responsable de l’armée israélienne condamne le comportement violent de colons et des « incidents inacceptables » impliquant des soldats, survenus cette semaine en Cisjordanie, dans une vidéo diffusée vendredi.
L’armée a déclaré dans un communiqué que le général de division Avi Bluth avait évoqué une « série d’incidents inhabituels » dans sa zone de responsabilité, lors d’une visite auprès de policiers israéliens en Cisjordanie occupée. Commandant de la région militaire centrale dont dépend ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, le général Bluth s’est rendu près de l’avant-poste de la colonie de Givat Habaladim.
La police israélienne avait annoncé y avoir arrêté mercredi 17 personnes pour « émeute violente ». Venus après des plaintes pour bruit, les policiers ont été accueillis par des jets de pierre et une de leur voiture a été incendiée. Selon le général Bluth, il s’agit « d’incidents exceptionnels qui doivent être traités avec la sévérité nécessaire » et les personnes impliquées ont franchi « une ligne rouge ».
Les organisations humanitaires internationales accusent souvent l’armée israélienne de protéger les colons en Cisjordanie, l’ONU dénonçant pour sa part un climat « d’impunité » en faveur des colons violents. L’officier s’exprime également sur des faits survenus dans le camp de réfugiés palestiniens de Dheisheh, près de Bethléem, où l’armée israélienne a mené plusieurs raids ces dernières semaines.
« La conduite à Dheisheh de nos réservistes n’est pas ce que nous défendons », déplore-t-il, évoquant une opération menée mercredi. « Le vandalisme et les graffitis lors d’une mission opérationnelle sont, de notre point de vue, des incidents inacceptables. » Des images partagées sur les réseaux sociaux ont montré des appartements vandalisés, aux murs tagués de slogans nationalistes israéliens.
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