Lors de son allocution, le président de la République a utilisé la formule « dividendes de la paix ».
Alain Quinet, auteur du livre « Économie de la guerre », nous en dit plus sur sa signification.
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Guerre en Ukraine : TF1 et LCI sur le terrain
Emmanuel Macron a laissé entendre mercredi qu’un nouvel effort budgétaire difficile attendait les Français pour garantir une future paix en Ukraine, annonçant de nouveaux investissements pour la défense. « Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation« , a déclaré le président de la République, avant d’ajouter : « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix« .
Une formule qu’on attribue à Laurent Fabius
La formule, apparue dans le sillage de la chute du Mur de Berlin, n’est pas nouvelle, indique à TF1info Alain Quinet, professeur à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et auteur du livre Économie de la guerre. L’expression est attribuée à Laurent Fabius en 1990, lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale. « Mais elle s’est très largement popularisée dans l’ensemble des pays occidentaux, puisqu’on a aussi parlé de ‘peace dividend’ dans le monde anglo-saxon« , souligne ce spécialiste.
Des dépenses divisées par deux en 30 ans
Cette expression visait à désigner deux changements fondamentaux. « Le premier, c’est l’opportunité qu’ont vu les gouvernements occidentaux de faire des économies sur le budget de la défense, étant donné que le niveau de menace avait beaucoup baissé à l’époque. Le second, c’est la suppression, notamment en France, du service militaire« , décrypte Alain Quinet. En Europe, le budget de la défense est ainsi passé de 3% du PIB à la fin des années 1980 à 1,3% en 2018.
« Le niveau de menace avait bien baissé. Et donc, c’était rationnel de changer de modèle d’armée, de réduire les dépenses militaires. Mais cette baisse a été excessive et prolongée« , reprend ce spécialiste. « Pendant plus de trente ans, les objectifs européens étaient la croissance et la décarbonation. Et maintenant, il y en a un troisième qui s’ajoute, c’est le réarmement« , ajoute-t-il. Les dividendes de paix ne sont pas éternels.