Sur le front oriental, l’armée russe continue d’engranger les succès.
La chute de Pokrovsk, au nord-ouest de Donetsk, paraît de plus en plus vraisemblable.
C’est là qu’une équipe de LCI a rencontré des soldats ukrainiens toujours déterminés, mais très pessimistes.
Suivez la couverture complète
Guerre en Ukraine : TF1 et LCI sur le terrain
Reprendre des forces et souffler un peu. C’est ce qu’essaient de faire les hommes de l’unité d’infanterie rencontrée par notre équipe. Les corps sont las, les visages sont fatigués, comme on peut le constater dans le reportage de LCI dans la région de Pokrovsk, en tête de cet article. Hier encore, ils étaient sur la ligne zéro, à quelques mètres des Russes, à défendre leurs positions face à un ennemi dont la supériorité numérique les écrase.
Vitali, le commandant de l’unité d’infanterie de la 151ᵉ, estime que les soldats du Kremlin sont probablement trois fois plus nombreux, « parce qu’ils poussent tout le temps ». « Il y a un groupe qui fait une percée, on les neutralise, ils reculent et un autre groupe le remplace », soupire-t-il. Le district de Pokrovsk, sur le front oriental du conflit, à 70 km au nord-ouest de Donetsk, est laminé par le pilonnage russe, à tel point que les soldats ukrainiens ont refusé d’emmener notre équipe dans la zone de feu.
« Le moral est tombé »
C’est à quelques kilomètres que nous les rencontrons, à l’occasion d’un bref répit lors d’une rotation. Les hommes nous font part de leur vision pessimiste des combats engagés. « On manque d’hommes parce qu’il y a beaucoup de blessés, en général par des schrapnels, l’ennemi a beaucoup de drones, beaucoup de lancements, ils travaillent plus avec l’artillerie », raconte Vitali. Sur la centaine d’hommes que comptait son unité, il n’en reste que quarante.
Les vagues d’assaut se succèdent sans fin, et les Russes avancent inexorablement. Sur ce front, où leur tâche semble vouée à l’échec, le moral des combattants est en chute libre. « Au début, j’étais à 10/10 », estime le soldat Kasper, « maintenant à 3/10, le moral est tombé ».
Ils ne font pas de prisonniers
Ils ne font pas de prisonniers
Vova, soldat de la 151ᵉ
La peur joue son rôle dans le découragement général des hommes, avec un ennemi qui serait sans pitié. « Ils ne font pas de prisonniers », rapporte Vova, un autre soldat. « Il y a eu un cas où quatre d’entre nous tiraient un gars qui avait perdu sa jambe, ils ne les ont pas laissés faire, ils ont tué tout le monde », raconte-t-il.
À quelques kilomètres de là, dans la base arrière d’une unité d’artilleurs de la 109ᵉ brigade, le moral n’est pas plus élevé. Le constat est le même : les Russes sont supérieurs en nombre, et avancent au mépris des pertes humaines.
« Ils sont nombreux, très nombreux, et ils ne font aucun cas de la vie humaine », déclare un soldat ukrainien. Lui espère une relève qui se fait attendre. « On veut qu’on nous remplace pour qu’on puisse se reposer un peu parce que deux ans et demi là où on se trouve, c’est difficile », souffle-t-il. Le moral est touché, mais la détermination est intacte, selon un autre : « On est fatigués, on est moralement fatigués. Mais ici, c’est notre terre, on défend notre terre ». Tous sont conscients que le sort de Pokrovsk est incertain, voire déjà scellé.