Pendant sa longue carrière de vedette de catch, Hulk Hogan en avait fait sa marque de fabrique : avant chaque combat, il déchirait son t-shirt sans manches, tandis que résonnait sa chanson fétiche, Real American. La séquence a produit un effet particulier sur la scène de la convention républicaine à Milwaukee (Wisconsin), en juillet. Bien que retraité, Hulk Hogan est venu y apporter son soutien à un « gladiateur », Donald Trump. Le lendemain, le candidat était introduit sur la scène par l’un de ses plus proches amis, Dana White, le président très controversé de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la ligue d’arts martiaux mixtes. « D’après ce que m’ont dit ses enfants, je suis le seul gars avec lequel il a une connexion », a confié Dana White à propos du milliardaire, au magazine Time, le 12 septembre.
On ne sait si c’est vrai, ni même si Donald Trump a des amis véritables. Mais cette proximité paraît à la fois sincère et stratégique. Hulk Hogan et Dana White sont deux figures très populaires dans l’univers MAGA (Make America Great Again, slogan du candidat républicain), pétri de « bro culture », cette connivence masculine faite de références populaires que ne cesse de promouvoir Donald Trump. Elle s’exprime dans des podcasts bénéficiant d’une énorme audience, comme celui de Joe Rogan, des événements sportifs et musicaux. Elle murmure une nostalgie – celle d’une domination au détriment de l’autre sexe – mais elle se nourrit des technologies modernes, telle l’intelligence artificielle, mises au service du sarcasme et de la méchanceté.
Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, un phénomène s’impose nettement : le fossé entre le vote des hommes et celui des femmes. Il est d’autant plus grand quand on aborde les segments plus jeunes de la population. « L’écart entre les jeunes hommes et les jeunes femmes est incroyable, souligne Sarah Longwell, experte et rédactrice en chef du site d’information conservateur The Bulwark. Chaque sondage, chaque étude qualitative que je fais avec des électeurs montrent que Trump se surpasse avec les hommes dans tous les segments de la population, avec les Noirs, les hispaniques… Les hommes, c’est sa stratégie, sa plaidoirie finale. Mais si j’étais Trump, je m’inquiéterais à l’idée de miser sur les jeunes hommes. Ce n’est pas le groupe le plus fiable quand il s’agit de voter. Les femmes sont plus nombreuses, et plus susceptibles de se déplacer en masse. »
Construire un personnage héroïque
Côté démocrate, l’idée d’élire enfin une femme, Kamala Harris, et l’importance essentielle des droits reproductifs comme étendard de mobilisation, font face à un autre ressort : l’adhésion à droite à une personnalité métapolitique, à la lisière du divertissement, aimé par ceux qui s’estiment autant méprisés que lui par les élites.
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