« Depuis trop longtemps, les Américains normaux sont pressurés par les grandes banques et les élites financières. Il est temps de leur tenir tête – ensemble. » Donald Trump a annoncé jeudi 22 août le lancement prochain d’une plate-forme de cryptomonnaies, sans donner aucune précision sur la nature du projet ou sa date de lancement. Seul son nom est pour l’instant connu : The DeFiant Ones (« les intrépides » en français), jeu de mot à partir de l’acronyme DeFi (decentralized finance, « finance décentralisée »).
Le projet avait déjà été évoqué par deux des fils du candidat républicain à la Maison Blanche. Eric et Donald Jr, dirigeants du conglomérat familial Trump Organization, l’avaient décrit, ces dernières semaines, comme de « l’immobilier numérique ». Dans le New York Post, Eric Trump a évoqué « du collatéral auquel tout le monde peut avoir accès instantanément ». En finance, le collatéral désigne des actifs déposés en contrepartie de l’obtention d’un prêt ; Eric Trump n’a pas précisé comment fonctionnerait ce système, dont les promesses laissent pour l’heure la presse spécialisée sceptique.
Historiquement critique des cryptoactifs, qu’il avait même qualifiés d’« arnaque », Donald Trump a amorcé depuis moins d’un an une volte-face complète et se présente désormais comme le candidat pro-cryptomonnaies. Fin juillet, il donnait un discours à la Bitcoin Conference de Nashville (Tennessee) et promettait qu’en cas de réélection il serait « le président pro-innovation et pro-bitcoin dont l’Amérique a besoin ». Son colistier, James David Vance, est un défenseur revendiqué du bitcoin et milite depuis longtemps pour un assouplissement des régulations encadrant ces produits financiers.
Un secteur devenu le principal contributeur des campagnes politiques
Sujet marginal lors des précédentes campagnes présidentielles américaines, les cryptoactifs sont devenus une question sur laquelle les deux grands partis ont dû se positionner en 2024. Ces investissements à risque ont gagné en popularité durant le mandat de Joe Biden, qui a aussi été marqué par la faillite, sur fond de malversations, du géant du secteur FTX.
Mais les candidats se sont aussi davantage emparés du sujet parce qu’il est devenu une source importante de financement pour leurs campagnes. Une étude de l’ONG Citizens United, qui milite pour plus de transparence dans le financement de la vie politique aux Etats-Unis, montre que parmi les dons effectués par des entreprises aux deux campagnes, 48 % provenaient de sociétés du secteur des cryptomonnaies en 2024. Au total, ces dons représentaient plus de 120 millions d’euros, et ne prennent pas en compte ceux effectués par des individus – comme Elon Musk, fervent défenseur des cryptomonnaies, qui a mis en place un fonds de soutien à la campagne Trump.