Et ils sont où les artistes américains, les musiciens, acteurs, écrivains ? Par temps calme, ils ont la parole et la gâchette faciles, mais depuis quatre mois que Donald Trump impose avec brutalité sa contre-réforme, ouvrant un boulevard aux critiques et à l’indignation, on ne les entend pas. Trump fait cent fois pire que ce qu’ils avaient imaginé et ils restent muets. Ils sont sous le choc, ont peur, s’estiment disqualifiés, s’interrogent sur leur responsabilité. Ils se taisent aussi par intérêt.
Tel un signe, l’actrice Julia Roberts, invitée d’honneur aux César du cinéma, le 28 février à Paris, face à un public qui n’attendait que ça, a ignoré son pays, préférant envoyer des mots doux à sa famille. Elle avait pourtant prêté sa voix à un clip invitant les femmes à voter pour la démocrate Kamala Harris, même si elles n’en disaient mot à leur mari.
Même chose aux Oscars, le 2 mars, à Los Angeles, les moins politiques depuis des lustres. Le décalage est vertigineux avec les Oscars post-victoire de Trump de février 2017. Le présentateur Jimmy Kimmel avait alors traité Donald Trump de raciste, stupide et inculte. Auparavant, d’autres figures culturelles avaient nourri la liste des noms d’oiseaux : brute (Chris Evans), immonde (Judd Apatow), porc (Cher), clown (Michael Moore) ou psychopathe (Moby). Robert De Niro voulait lui mettre son poing dans la gueule. « Ne vous laissez pas abattre, laissez-vous enrager ! », écrivait Jennifer Lawrence dans une tribune, en novembre 2016.
« Capitulation »
Aujourd’hui, rien de tout cela. Pas d’insultes, pas de bravades ni de résistance. Au contraire un sentiment de résignation, de peur, voire de docilité. C’est vrai dans le cinéma mais aussi dans la musique, où l’on n’entend plus Beyoncé ou Taylor Swift. Tout juste Billie Eilish dénonçait en novembre 2024 « une guerre contre les femmes ».
Donald Trump fait le parcours inverse. Sur la défensive il y a huit ans, il est à l’attaque aujourd’hui, nommant à la mi-janvier trois papy-acteurs – Mel Gibson, Sylvester Stallone et Jon Voight –, « ambassadeurs » à Hollywood, les chargeant d’être ses « yeux et ses oreilles ». Ça ne veut pas dire grand-chose, c’est le signe qui compte.
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