Et si l’avenir du conflit israélo-palestinien dépendait, en partie, de l’ego de Donald Trump ? Le 47e président américain voudrait obtenir le prix Nobel de la paix. En règle générale, il a plutôt une bonne idée de sa personne. « Je suis un génie calme », disait-il lors de son premier mandat. Il n’est pas taraudé par le doute et, jusque-là, il n’a aucune de raison de l’être.
Début 2016, personne n’aurait parié sur son entrée à la Maison Blanche. Début 2024, personne n’aurait imaginé la réélection de l’homme du 6 janvier 2021 – le coup de force contre le Congrès. Trump a franchi tous les obstacles, les inculpations criminelles, deux procédures en destitution (une seule l’eût rendu inéligible), une tentative d’assassinat. Il a promis de ramener la paix sur Terre. Il a juré de rendre à l’Amérique sa grandeur passée. Alors, Oslo ? La tribune du Nobel de la paix, dans la capitale norvégienne ? Pourquoi pas. On imagine la scène. Trump en smoking, qu’il porte bien, la mèche rangée sur la droite (et non plus en visière), la moue satisfaite, l’œil sur le prompteur, multipliant les facéties pour son exercice préféré : un discours fleuve vantant ses mérites devant un parterre de choix.
Elu en 2008, Barack Obama avait reçu le prix Nobel de la paix onze mois plus tard. En la personne du démocrate, le jury honorait une Amérique renouant avec une tradition internationaliste. Son prédécesseur George W. Bush n’éprouvait ni patience ni respect pour les institutions et les normes internationales, en gros le système de l’ONU [Organisation des Nations unies]. Obama entendait y revenir, pratiquer à nouveau ce qu’on appelle le multilatéralisme, l’adhésion à un minimum de règles décidées entre Etats.
Trump, « Bibi » et « MBS »
Donald Trump n’a que faire du fameux multilatéralisme. C’est au Moyen-Orient et tout seul qu’il chasserait son Nobel. En fin de premier mandat, le républicain avait parrainé l’établissement de relations diplomatiques entre, d’un côté, Israël et, de l’autre, les Emirats arabes unis, Bahrein, puis le Maroc et le Soudan. Ces accords dits « d’Abraham » s’inscrivaient dans une dynamique importante : la poursuite d’un mouvement d’acceptation de l’Etat hébreu dans son environnement arabe – après les liens établis avec l’Egypte (1979) et la Jordanie (1994).
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