Depuis l’annonce par Donald Trump du « Liberation Day », le 2 avril, et d’un relèvement massif des droits de douane, le Japon se retrouve face à une équation géopolitique et économique difficile, surtout pour un pays longtemps favorable à la discrétion diplomatique. Les annonces brouillonnes du président américain se sont traduites immédiatement par une chute de 9 % de la Bourse de Tokyo, le troisième plus important décrochage depuis 1945.
L’inquiétude est profonde : l’instauration annoncée de droits de douane de 24 %, qui s’ajoutent aux 25 % spécifiquement sur les véhicules, menace directement l’économie japonaise. La récente suspension par Donald Trump de sa décision, pour quatre-vingt-dix jours, peut rassurer provisoirement, mais elle ne lève pas l’incertitude qui pèse sur la fiabilité des Etats-Unis, premier partenaire de l’Archipel à tous les niveaux.
Les exportations automobiles représentaient en 2024 près de 28,3 % des exportations totales du pays. Le choc commercial attendu est donc d’une ampleur considérable. Itsunori Onodera, un haut responsable du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, prévient que cela « provoquera un problème énorme » en raison du rôle structurant de l’industrie automobile et de ses milliers de sous-traitants sur tout le territoire.
Face à ce défi, le Japon semble politiquement affaibli. Le premier ministre, Shigeru Ishiba, ne bénéficie que de 30,6 % d’opinions favorables, son parti, le PLD, est divisé et a perdu sa majorité absolue à la Chambre. Sa réaction a été prudente : contrairement à la Chine, il affirme ne pas vouloir entrer en confrontation avec Washington et n’envisage pas de mesures de rétorsion. Après un court entretien téléphonique avec Donald Trump et la nomination d’un négociateur, le 7 avril, Shigeru Ishiba cherche un consensus fragile, tandis que son attentisme est déjà vivement critiqué par la frange nationaliste de son parti.
Fidélité stratégique
Mais cette posture résignée illustre un dilemme fondamental. Le Japon reste militairement dépendant des Etats-Unis. Malgré les réformes en matière de défense, il n’a ni la capacité ni la doctrine pour assurer seul sa sécurité dans un environnement régional instable. L’alliance américano-japonaise est donc vitale. C’est le message qu’est venu rappeler, fin mars, le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth : « Il faut célébrer la puissance de notre alliance et renforcer la dissuasion dans l’Indo-Pacifique. »
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