Le président américain, Donald Trump, a encore fait machine arrière, jeudi 6 mars, en écrivant sur son réseau, Truth Social, que l’essentiel des droits de douane décidés contre le Mexique étaient suspendus jusqu’au 2 avril. « Le Mexique n’aura pas à payer de droits de douane sur toutes les marchandises couvertes par l’Aceum », le traité de libre-échange qui régule l’essentiel des échanges commerciaux entre les deux pays.
« Cet accord va jusqu’au 2 avril », a écrit le président américain, disant avoir pris cette décision « par égard » pour son homologue, Claudia Sheinbaum. « Notre relation est très bonne », a poursuivi M. Trump, disant « travailler ardemment, ensemble », sur l’immigration illégale vers les Etats-Unis et le trafic de fentanyl. Donald Trump a ensuite signé jeudi un décret élargissant l’exemption de droits de douane à un certain nombre de produits canadiens, les mêmes que les mexicains répondant aux règles fixées par l’Aceum, et abaissant ceux imposés à la potasse, utilisée comme engrais par l’agriculture américaine, de 25 % à 10 %.
En réponse, après le recul de Donald Trump, le gouvernement canadien a suspendu l’essentiel de ses mesures de représailles. Alors qu’Ottawa a imposé mardi des droits de douane sur 30 milliards de dollars canadiens (19,5 milliards d’euros) de marchandises américaines, le pays a renoncé à une seconde phase portant sur 125 milliards de dollars canadiens de marchandises américaines, a expliqué Dominic LeBlanc, le ministre des finances canadien, sur le réseau X.
La présidente mexicaine a elle salué la décision du président américain, se félicitant d’une collaboration avec des « résultats sans précédent ». Les deux gouvernements vont continuer à travailler ensemble, « particulièrement sur les sujets de la migration et de la sécurité, qui incluent une réduction du passage illégal du fentanyl vers les Etats-Unis, ainsi que celui des armes vers le Mexique », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Devant la presse, la présidente a ensuite déclaré que le Mexique devrait réviser ses droits douane à l’égard des produits chinois. Les produits chinois font aussi partie des cibles des Etats-Unis.
Le ministre des finances « pas inquiet » de l’inflation
Donald Trump avait annoncé la mise en place de 25 % de droits de douane le 1er février sur les produits canadiens et mexicains, qui devaient être effectifs le lendemain, avant de les suspendre trente jours à la suite de négociations avec les deux voisins des Etats-Unis. Il avait justifié ces mesures protectionnistes par le manque d’implication du Canada et du Mexique dans le trafic de fentanyl, un puissant opioïde qui provoque une crise sanitaire majeure aux Etats-Unis. En réponse, Mme Sheinbaum avait menacé d’annoncer dimanche, lors d’un rassemblement populaire, des mesures « douanières et non douanières ». Les tarifs douaniers menaçaient de récession le Mexique dont plus de 80 % des exportations partent aux États-Unis, d’après les experts.
Aux Etats-Unis aussi, les experts s’attendent à ce que les droits de douane imposés par l’administration Trump aient des répercussions sur l’économie américaine, en engendrant notamment une spirale inflationniste. Le président avait reconnu que son pays pourrait « souffrir » de l’imposition de ces tarifs douaniers, disant toutefois qu’il allait « rendre sa grandeur à l’Amérique et cela vaudra le prix qu’il faudra payer ». Jeudi, Donald Trump a affirmé que sa décision de repousser l’imposition de certains droits de douane n’était pas liée aux accès de fièvre qui secouent les places boursières. « Je ne regarde même pas les marchés », a déclaré le président américain depuis la Maison Blanche – le magnat des affaires new-yorkais a pourtant la réputation de suivre avec attention les mouvements de la Bourse pour évaluer les résultats de ses politiques. Son ministre des finances, Scott Bessent, avait déclaré plus tôt qu’il n’était « pas inquiet au sujet de l’inflation, sur le temps long », estimant que les droits de douane auraient un impact « ponctuel ».
Scott Bessent a souligné qu’il fallait voir le programme économique du nouveau gouvernement comme « un tout », et que les recettes générées par les droits de douane serviront à financer les baisses d’impôts des Américains. Donald Trump « croit en trois choses [au sujet des droits de douane]. Premièrement, qu’ils sont une bonne source de recettes, deuxièmement qu’ils protègent nos industries et nos emplois et troisièmement (…) il s’en sert pour négocier » avec les autres Etats, a décrit le secrétaire au Trésor.
Mercredi, le président américain a concédé une exemption d’un mois pour le secteur crucial de l’automobile au Canada, à la demande des constructeurs américains.