Son contenu explique sans doute qu’il n’ait pas encore été rendu public. A rebours des prises de position très critiques du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est dit défavorable aux « salles de shoot », le rapport sur les haltes soins addictions (HSA) – leur appellation actuelle – commandé par le gouvernement aux inspections au printemps, plaide clairement en leur faveur. Dans le document d’une soixantaine de pages – hors annexes – que le Monde a pu consulter, les inspecteurs des affaires sociales (IGAS) et de l’administration (IGA), appellent à « inscrire dans le droit commun » ces dispositifs, encore sous statut expérimental, « afin de prévoir, en droit, la possibilité d’ouvrir de nouveaux espaces de consommation supervisée ».
Commandée par les ministres de la santé et de l’intérieur, cette évaluation devait aider le gouvernement à trancher sur l’avenir de ces dispositifs, qui font encore régulièrement polémique, souffrant d’un « défaut marqué d’acceptabilité sociale par les citadins résidant à proximité des lieux », lit-on dans la lettre de mission. Ils « peuvent parfois être perçus par certains acteurs », en dehors des cercles de la santé, « davantage comme un accompagnement à la consommation que [comme] la possibilité offerte à des consommateurs d’entrer dans un parcours de soins ». Les ministres ont demandé aux inspections d’évaluer la « pertinence » de ces salles – la France en compte deux, l’une à Paris l’autre à Strasbourg – en matière sanitaire tout comme sur le plan de l’ordre public. En amont d’une nouvelle évaluation scientifique qui doit, elle, être menée avant la fin de l’expérimentation (fixée au 1er décembre 2025).
Après avoir entendu les acteurs concernés, dont les services de police et les parquets, la mission recommande de « mener à son terme l’expérimentation en cours ». « La fermeture [des] deux HSA dégraderait la tranquillité publique, mettrait en danger des usagers aux conditions de vie très précaires et mobiliserait inutilement des forces de police pour gérer les consommations rendues à l’espace public, soulignent les rapporteurs ; elle interviendrait à contretemps, dans un contexte de disponibilité accrue des stupéfiants, alors que les professionnels de l’addictologie alertent sur “la vague qui monte”. »
Politiquement, le sujet, défendu lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron par l’ancien ministre de la santé, Olivier Véran, a perdu tout porte-voix. « La politique publique de réduction des risques, dont les haltes soins addiction sont partie intégrante, doit bénéficier d’un portage assumé et univoque à tous les niveaux », écrivent d’ailleurs les inspecteurs.
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