Le recours fait suite à celui de la Chine, elle aussi soumise à un nouveau régime de tarifs douaniers punitifs américains, tout comme le Mexique. Le Canada a officiellement déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les droits de douane de 25 % instaurés par l’administration Trump sur l’essentiel de ses produits importés aux Etats-Unis, a confirmé un responsable de l’OMC, mercredi 5 mars, rapporte l’Agence France-Presse.
La veille, l’ambassadrice du Canada auprès de l’organisation basée à Genève, Nadia Theodore, soulignait que « la décision des Etats-Unis ne laiss[ait] pas d’autre choix » au Canada, dans un message sur le réseau social LinkedIn, déclarant : « J’ai demandé des consultations à l’OMC avec le gouvernement des Etats-Unis au sujet de ses droits de douane injustifiés sur le Canada. »
Mme Theodore a pris soin de souligner dans son message qu’elle portait pour l’occasion un costume de Lesley Hampton, une créatrice de mode de la Première Nation, « anishinaabe et canadienne ». Un geste qui s’inscrit dans le mouvement encourageant les Canadiens à acheter les produits locaux plutôt qu’américains. L’ambassadrice du Canada à l’OMC a signé son message de la formule « Elbows up », un cri de ralliement et de résistance qui vient du hockey.
Discussions en cours
Le dépôt de la plainte canadien intervient alors que le gouvernement américain a semblé mardi ouvrir la porte à un compromis avec ses deux voisins. Le secrétaire d’Etat au commerce, Howard Lutnick, interrogé sur la chaîne Fox Business, a expliqué avoir « échangé au téléphone avec les Canadiens et les Mexicains toute la journée » avant d’ajouter : « Le président est à l’écoute (…) Je pense qu’il finira par trouver une solution avec eux. » Selon lui, une décision pourrait intervenir mercredi.
Donald Trump a mis à exécution sa menace de taxer lourdement les importations en provenance des trois premiers partenaires commerciaux des Etats-Unis avec l’entrée en vigueur, le 4 mars, de droits de douane de 25 % contre le Canada et le Mexique et de nouvelles taxes sur les importations chinoises, déclenchant une riposte rapide de Pékin, d’Ottawa et de Mexico.
La Chine avait déjà déposé plainte contre les Etats-Unis devant l’OMC début février, en réponse à la hausse de 10 % des droits de douane sur tous ses produits par Washington. Pékin a également augmenté mardi ses tarifs sur une série de produits agroalimentaires américains, et ciblé les entreprises de la défense.
L’ambassadeur de la Chine aux Etats-Unis a également déclaré sur X mardi soir que les Etats-Unis devaient traiter « la Chine d’égal à égal ». Ajoutant, sur le ton de la menace : « Si la guerre est ce que veulent les Etats-Unis, qu’il s’agisse d’une guerre tarifaire, d’une guerre commerciale ou de tout autre type de guerre, nous sommes prêts à nous battre jusqu’au bout. »
A l’OMC, différentes étapes sont prévues pour régler un différend. En cas de plainte, des consultations sont engagées entre les parties. Si aucun accord n’est trouvé, le plaignant peut demander l’établissement d’un groupe spécial, formé de trois, éventuellement cinq, experts. Les pays peuvent ensuite faire appel de leur décision.
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L’organe d’appel, composé de spécialistes du droit et du commerce international, n’est plus capable de traiter de nouveaux dossiers depuis décembre 2019, car des sièges de juges demeurent vacants à la suite du blocage des nominations par les Etats-Unis, une pratique lancée sous l’administration de Barack Obama, et que Donald Trump et Joe Biden ont poursuivie.