Dans les faits, moins de 1 % de la production de l’industrie française du papier est exportée vers les Etats-Unis. Peu d’inquiétude donc à avoir quant aux conséquences de la hausse de 20 % des taxes douanières décidée par Donald Trump sur les produits venant d’Europe ? Faux, répond Copacel, l’association qui regroupe les industriels du secteur, qui craint les « effets ricochets » de cette mesure « arbitraire ».
L’industrie papetière tricolore, qui emploie 9 884 salariés et a produit en 2024 6,5 millions de tonnes dans ses 79 usines de pâte à papier ou de papier carton, craint principalement une augmentation de la concurrence de pays exportateurs, qui se détourneraient du marché américain pour investir en Europe. Sont visés le Brésil et le Canada dont les ventes aux Etats-Unis vont être freinées par les nouvelles taxes.
Mais la concurrence peut être aussi européenne : « On craint un renforcement de la concurrence intracommunautaire, les pays nordiques et scandinaves qui exportent plus [que la France] vers les Etats-Unis vont devoir trouver un débouché pour leur production et donc se reporter sensiblement vers l’Union européenne », a déclaré Christian Ribeyrolle, le président de Copacel, mardi 8 avril. Autre effet ricochet redouté, un « recul des emballages destinés aux vins et spiritueux » qui partent en Amérique du Nord et qui pourraient « pâtir directement » des nouvelles barrières douanières.
Un prix de l’électricité trop élevé
La déstabilisation économique provoquée par Donald Trump fait surtout craindre à Copacel un « ralentissement global de la croissance mondiale qui aura un impact sur la consommation des papiers carton et cellulose ». Et ce alors que les industriels français du papier commencent à peine à remonter la pente.
En 2024, la consommation de papier carton dans le pays a certes augmenté de 2,3 %, mais un tel résultat ne permet pas de rattraper la chute très forte de 15 % en 2023. De même, la production a progressé de 6,3 % en 2024, mais elle avait connu une baisse de 13,5 % un an avant. La filière n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire due au Covid-19 en 2020, et la reprise légère ne parvient pas non plus à combler la balance commerciale nationale qui demeure déficitaire en 2024, avec un solde de – 0,8 million de tonnes.
Il vous reste 21.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.