La Commission européenne a annoncé, jeudi 20 mars, qu’elle reportait à la mi-avril l’entrée en vigueur de ses contre-mesures visant des produits américains en réponse aux taxes de 25 % décidées par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium. « Les contre-mesures de l’UE annoncées le 12 mars prendront toutes effet à la mi-avril », a annoncé le porte-parole de l’exécutif européen pour le commerce, Olof Gill, expliquant que cela donnerait « plus de temps » pour les négociations avec l’administration américaine.
Le président américain avait de nouveau justifié, le 12 mars, son usage des droits de douane, en assurant que les Etats-Unis « ne se laisser[aie]nt plus maltraiter » par leurs partenaires commerciaux. En riposte, Bruxelles avait déclaré qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos. L’Union européenne (UE) « regrette profondément » les droits de douane décidés par M. Trump, avait déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, disant estimer que la réplique européenne était « forte mais proportionnée ».
Mais, selon deux sources européennes interrogées par l’Agence France-Presse (AFP), l’Espagne, la France et l’Italie ont poussé pour gagner un peu de temps, redoutant la menace de M. Trump d’imposer des taxes sur les vins et autres alcools européens, en réponse aux droits de douane annoncés par Bruxelles contre le bourbon. Selon une de ces sources, ce produit serait même finalement retiré de la liste des produits visés à partir de mi-avril. Interrogée par l’AFP, la Commission a affirmé que rien n’était encore décidé.
Une riposte européenne « solide et bien calibrée »
Estimant « injustifiées » et « nuisibles » les taxes introduites par Donald Trump, la Commission entend montrer les muscles pour contraindre le président américain au dialogue. La réplique européenne devait s’effectuer en deux temps. Au 1er avril, les contre-mesures de l’UE mises en place en 2018 et 2020 en réponse aux droits de douane américains du premier mandat de M. Trump étaient automatiquement rétablies, leur suspension arrivant à expiration au 31 mars. Une deuxième salve de taxes devait entrer en application au 13 avril.
Finalement, la Commission « a décidé d’aligner le calendrier des deux séries de contre-mesures de l’UE », a expliqué Olof Gill. « En alignant les calendriers, la Commission consulte les États membres sur les deux listes simultanément. Cela laisse plus de temps pour les discussions avec l’administration américaine », a-t-il observé.
« Notre objectif est de trouver un juste équilibre entre les produits, en tenant compte des intérêts des producteurs, des exportateurs et des consommateurs de l’Union européenne », a encore justifié le porte-parole. « Ce changement représente un léger ajustement du calendrier et ne diminue pas l’impact de notre réponse », a-t-il affirmé, soulignant la volonté de la Commission de trouver une riposte « solide et bien calibrée aux mesures américaines, tout en minimisant l’impact négatif potentiel sur les producteurs et les consommateurs de l’UE ».