[Marc Bonomelli est journaliste indépendant, spécialisé dans l’étude du fait religieux et des nouvelles spiritualités. Auteur des Nouvelles Routes du soi. En immersion chez les nouveaux spirituels (Arkhê, 2022, 320 pages, 19,90 euros), il analyse dans une chronique mensuelle la spiritualité foisonnante de notre époque et la manière dont elle se réinvente. Des « néodruides » aux « soul surfers », ces nouvelles « routes du soi » semblent traverser tous les domaines, de la santé à la politique, en passant par le numérique, le développement personnel et, bien sûr, les religions.]
Le 1er mai, comme chaque année, Pascal Pticalou, Français vivant au Québec (Canada), va célébrer Beltane, une fête d’origine celte marquant l’entrée dans « la saison claire ».
A l’issue d’une formation de cinq ans auprès de l’Ordre des bardes, ovates et druides (OBOD, basé en Angleterre), ce sexagénaire a été reconnu druide. En ce début mai, il se laissera imprégner par le foisonnement « de la vie qui commence à se répandre dans la nature », confie-t-il. « Cette méditation, on la transpose sur soi pour voir ce qui, en nous, peut émerger et se développer dans nos vies », en harmonie avec l’envol de la claire saison.
Beltane fait ainsi partie des huit célébrations majeures constituant la roue de l’année celte, comprenant des temps forts comme les solstices ou équinoxes, et correspondant aux changements de saison et étapes agricoles (récoltes, moissons, etc.).
Si certaines de ces fêtes ont survécu jusqu’à nous dans leur version christianisée (pensons aux feux de la Saint-Jean, en période solsticiale), des mouvements néopaïens ont remis au goût du jour, surtout depuis le XXe siècle, ces dates mettant la nature à l’honneur. Parmi ces mouvements, le néodruidisme, reconstruction entamée dès le XVIIIe siècle de la religion des Celtes antiques, figure en proue.
« Conscience exacerbée de l’environnement »
Tout en laissant son intuition – faculté sacrée dans sa voie – diriger les rituels de Beltane, Pascal Pticalou utilisera une trame transmise par l’OBOD, qui n’est pas sans ressemblance avec la liturgie employée par d’autres mouvements spirituels contemporains, de certains néochamanismes aux mouvements des sorcières.
On retrouve, par exemple, la matérialisation d’un cercle de protection, espace sacré où officiera le praticien, et l’invocation des « quatre éléments » (terre, air, feu, eau) associés à des points cardinaux et représentés par des objets déposés sur l’autel (bougies, bols d’eau, encens), ainsi que des offrandes pour les ancêtres et des dieux du panthéon celte. Le nom de Beltane est d’ailleurs associé à Belenos, dieu gaulois du Soleil.
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