« Du côté de chez Marilyn », d’Olivier Steiner et Isabelle Adjani, L’Observatoire, 160 p., 15 €, numérique 11 €.
Ce qui nous étonne, dans Du côté de chez Marilyn, n’est pas l’information : nous sommes dans la nuit mythique d’août 1962 où Marilyn est morte, aussi bien connue que celle de la Saint-Barthélemy, un autre mois d’août. Ce qui est remarquable, c’est qu’on y entend une seule voix, et pourtant il semble que les auteurs sont trois : Marilyn, qui est à la fois Rimbaud, c’est-à-dire en même temps l’énigme et la clé perdue de l’énigme, Aphrodite, et une fille fragile de Californie ; Adjani, foudroyante, fragile, forte, qui danse et, ici, écrit, par exception – c’est elle qui souligne l’exception, pas de vocation littéraire en vue ; et Olivier Steiner, auteur très inspiré. Peut-être une quatrième voix, celle de Norma Jean Baker, la Californienne quand elle était petite. Ces voix dissemblent, mais ici se ressemblent. Les locuteurs s’aiment et s’idolâtrent – peut-être même qu’ils se désirent.
Ils sont la même voix.
Qu’est-ce qui revient à qui, dans ces cent pages ? Quelle phrase peut être attribuée auquel des trois, Marilyn, Adjani, Steiner ? L’apparition d’un quatrième corps, né de trois bouches, qui s’empare du texte : voilà la grande réussite.
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