La quatrième messe de la matinée s’achève, dimanche 25 mai, à 11 heures, dans la cathédrale comble jusqu’aux nefs latérales, mais la ferveur des fidèles ne fléchit pas. Une file se forme devant le confessionnal. Des croyants murmurent une supplique au Christ en croix, à droite de l’entrée, ou à la Vierge Marie, à gauche. A Chiclayo, ville du nord du Pérou où le pape Léon XIV a servi comme évêque pendant huit ans (de fin 2014 à début 2023), la foi catholique se vit dans la dévotion et, chaque jour de la semaine, remplit les églises d’hommes autant que de femmes, de jeunes comme de plus vieux. Dans la cathédrale Sainte-Marie, on célèbre huit messes le dimanche et cinq les autres jours.
A l’extérieur, sur les marches qui descendent à la place d’armes, la fierté d’être le diocèse de l’évêque Prevost, la communauté à laquelle, devenu pape, il a rendu hommage de la loggia de la basilique Saint-Pierre de Rome, le 8 mai, est bien présente. Isaias, un séminariste en aube blanche qui collecte des dons pour payer les études des 32 futurs prêtres du séminaire Santo Toribio de Mogrovejo, se rappelle la joie de ses condisciples lors de l’annonce de l’identité du nouveau pontife. La vidéo saisissant ce moment a fait le tour des portables, comme tant d’autres immortalisant cette poussée de fierté collective dans un pays affligé par la criminalité due au narcotrafic, un niveau élevé de pauvreté et une crise politique persistante.
A Chiclayo, ville de 600 000 habitants dont deux ex-maires sont en prison pour corruption ou trafic d’influence, l’équipe municipale en a profité pour tenter de redorer son blason. Placée sur le balcon de la mairie, l’effigie en carton de celui qu’on appelait ici « Monseñor Roberto » bénit la place. A l’intérieur du bâtiment, une petite exposition de photos montre l’évêque sur le dos d’un cheval rendant visite à des villageois de la sierra, l’évêque en botte aux côtés de victimes d’inondations, l’évêque bénissant des générateurs d’oxygène pendant la pandémie de Covid-19.
Il vous reste 91.55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
