Le chanteur Yamê est un geek. Assis dans un restaurant du 11e arrondissement de Paris, il est effaré. Alors qu’il s’apprêtait à nous montrer une de ses références en graphisme sur un de ses jeux vidéo préférés, il s’étonne : « En fait, on ne capte que la 3G dans tout le quartier, impossible de télécharger quoi que ce soit. »
Le chanteur, révélation masculine des Victoires de la musique en 2024, publie son premier album, Ebēm, après avoir remporté un beau succès critique et commercial avec son EP, Elowi, qui contenait les morceaux phénomènes Bécane, hymne à la liberté, et Bahwai, un ego trip désinvolte. Après avoir terminé sa tournée en février par un Olympia complet, le Parisien a à peine pris le temps de faire une pause. Une semaine de vacances sur les hauteurs de Perpignan avec ses potes musiciens, son batteur, Daryl, son DJ, La Smoule qui produisent la majorité du disque. Même là, au repos, ils n’ont pas pu s’empêcher de composer de nouveaux morceaux, ou de reprendre des titres créés cinq minutes avant de monter sur scène.
Yamê, de son vrai nom Emmanuel Sow, 32 ans, a de nouveau donné un mot mbo, une langue bantoue, à ce disque : Ebēm. Son père, le musicien camerounais M’Backé Ngoup’Emanty, qui parle ce dialecte, le lui a conseillé : « Il m’a dit que ce mot correspondait bien à ce que je lui racontais de mes nouvelles chansons, explique le fiston. Ebēm désigne un lieu où les jeunes s’asseyaient pour écouter ce que racontaient les plus anciens. Dans mon disque, j’en ai fait un lieu un peu virtuel. Je tombe dans l’ébēm, invité par un personnage, figure de sagesse. Il m’attire dans un jeu vidéo, parce que, au départ, je suis chez moi dans mon studio en train de faire de la musique, mais je n’arrive pas trop à avancer. »
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