Des ânes siamois en robe, peints comme s’ils prenaient un selfie, accueillent les visiteurs à l’entrée de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght. Plus loin, l’artiste ouvre son exposition par une vidéo d’elle en cheffe d’orchestre grimaçante, s’exprimant par borborygmes. Hélène Delprat a un sens aigu, et volontiers théâtral, de la contradiction, et mieux vaut goûter l’humour grinçant et l’autodérision pour pleinement apprécier l’évolution de sa peinture. L’exposition qu’elle présente ici en dialogue avec Laurence Bertrand Dorléac, commissaire invitée, en fait la démonstration en une soixantaine d’œuvres qui retracent son parcours de manière non chronologique − d’ailleurs l’une et l’autre réfutent le terme de rétrospective pour cette vaste sélection, qui présente des œuvres de 1983 à 2024.
Passée par les Beaux-Arts de Paris, puis par la Villa Médicis, à Rome, où elle a été pensionnaire durant deux ans, l’artiste a d’abord eu une carrière comète au début des années 1980. Vite repérée et exposée, elle est entrée, dès 1985, à la Galerie Maeght, prestigieuse galerie de la rue du Bac, où elle est restée dix ans. Puis ce fut l’éclipse, volontaire : l’enfant prodige a quitté sa galerie pour s’essayer au théâtre, à la radio et à la vidéo pendant plus de quinze ans, sans exposer. Si sa foi en la peinture a été ébranlée, sa passion a continué à la dévorer, loin des regards. Elle y est pleinement revenue en 2012 grâce au galeriste Christophe Gaillard et, en 2017, une grande exposition à La Maison rouge, à Paris, « I Did it My Way », l’a fait découvrir au grand public.
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