Le bilan de l’effondrement d’une discothèque à Saint-Domingue, survenu le 8 avril, est passé à 222 morts après qu’une personne est morte de ses blessures à l’hôpital, a annoncé, vendredi 11 avril soir, l’agence de santé nationale. La présidence dominicaine avait publié un peu plus tôt un rapport dit final sur la catastrophe faisant état de « 221 victimes » et « 189 personnes secourues » pendant les « 59 heures » de « travail sans discontinuité » des équipes de secours.
Des dizaines de personnes, toujours sans nouvelles de leurs proches, attendent devant la morgue, dans six tentes installées pour l’occasion, la fin du processus d’identification des corps. Un grand écran vert affiche le nom des défunts identifiés. Scène glaçante, un employé appelle régulièrement, mégaphone à la main, les proches d’une personne identifiée à se faire connaître.
Vendredi soir, les autorités ont annoncé que 191 autopsies et identifications avaient été réalisées, contre 123 un peu plus tôt. Pour accélérer les identifications, douze médecins légistes ont été embauchés, ont annoncé le parquet et le ministère de la santé. Des tables supplémentaires ont également été mises en place pour les autopsies « qui sont pratiquées sans interruption depuis le début de l’événement », selon le texte.
Assistance psychologique
Julio Alberto Acosta Medina fait partie de ceux qui attendent un corps, celui de sa belle-fille. « Mercredi, nous avons passé toute la journée ici et tard dans la nuit. On nous a remis un sac et on nous a dit que nous devions l’ouvrir pour voir si c’était elle, mais ce n’était pas elle », relate-t-il, attendant de recevoir la bonne dépouille « pour que sa mère puisse la voir et qu’elle soit enterrée ». « C’était la première fois de sa vie qu’elle allait en discothèque. Elle est sortie avec un groupe d’amies du travail [à la discothèque] Jet Set. Elle a envoyé une photo », se remémore M. Medina.
Yuni Garcia a, elle, perdu son frère Johnny, 53 ans, qui travaillait dans la sécurité au Jet Set. « On a découvert son corps à 3 heures du matin, jeudi », raconte-t-elle. « Nous ne pouvons rien faire tant que nous n’avons pas terminé cette étape pour enterrer notre frère. J’espère qu’on va nous rendre le corps de mon frère. C’est angoissant, c’est quelque chose que vous ne pouvez pas imaginer, je compatis avec les autres qui ont des proches, c’est désespérant, l’attente de remise des corps », continue Yuni Garcia.
Les autorités ont mis en place une assistance psychologique gratuite.
« Le peuple dominicain est en deuil »
Dans une liste provisoire de victimes, figurent notamment un couple de Français résidant en République dominicaine et un Italien. Washington, qui a présenté « ses plus sincères condoléances » au président, Luis Abinader, a annoncé vendredi le décès de « plusieurs citoyens américains » sans donner de chiffres. La presse a fait également état de la mort d’un Kenyan, d’un Haïtien et de Vénézuéliens.
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De nombreuses funérailles devaient avoir lieu à travers le pays vendredi alors qu’un hommage national a été rendu jeudi à Rubby Pérez, 69 ans, la star du merengue, qui se produisait au Jet Set au moment de l’effondrement du toit.
« Le peuple dominicain est en deuil avec l’énorme quantité de morts (…) Nous sommes très tristes », a affirmé, vendredi, le président Luis Abinader à la presse. Il a souligné qu’il fallait « des réponses à ce qui s’est passé. Pourquoi cela s’est passé. Comment cela s’est passé. En attendant, nous allons pleurer les nôtres, et ensuite trouver ces réponses. »
Désormais considérée comme la plus grande tragédie du siècle en République dominicaine, la catastrophe dépasse, en termes de bilan humain, l’incendie en 2005 d’une prison à Higuey, dans l’est du pays, qui avait coûté la vie à 136 détenus.