Quand elle se rend sur les chantiers en bleu de travail, Lola Rabemananjara, 30 ans, est souvent complimentée sur sa « combi trop mignonne » : « C’est un peu comme si je m’étais déguisée en plombière, or il s’agit de ma tenue de travail ! », déplore-t-elle, chapeau de gendarme à la main. Ce terme très militaire désigne une pièce en cuivre, précise Lola, qui maîtrise à la perfection le vocabulaire de sa nouvelle profession : « On “calorifuge” lorsqu’on isole les tuyaux, on “bouchonne” quand on met des bouchons, on utilise de l’acier galvanisé pour faire passer l’eau potable, et une cintreuse arbalète pour courber les tuyaux. »
La jeune femme affirme avoir toujours été attirée par la plomberie : « Mais je redoutais les environnements professionnels très masculins, j’avais eu une mauvaise expérience en travaillant comme éboueuse. » Elle opte donc pour une formation en design textile, puis travaille dans la bijouterie, avant de finalement s’inscrire à la formation plomberie chauffage de La Bâtisse. Consacrée aux métiers manuels du bâtiment, cette école accueille principalement des femmes. Psychologue, serveur, aide-soignant, professeur, tradeur… Les 120 apprentis passés par l’établissement depuis son inauguration, fin 2023 à Lyon, sont issus de tous horizons. « Parfois, ils exercent déjà un métier manuel et sont en quête de stabilité, observe Romain Bérodier, fondateur de La Bâtisse. Mais on a aussi des profils très qualifiés, des “bac + 5”, qui acceptent une baisse de salaire pour accéder à une profession qui a du sens pour eux. »
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