Dans le cadre de sa tournée de cinq jours dans l’océan Indien, et au lendemain de son déplacement à Mayotte, Emmanuel Macron est à La Réunion, mardi 22 avril, pour faire le point sur les dégâts provoqués par le cyclone Garance et sur l’épidémie de chikungunya, qui a fait six morts sur l’île depuis le début de l’année. « Nous sommes le premier pays du monde à avoir acheté autant de doses disponibles de ce tout nouveau vaccin », a déclaré le président lors d’un point de presse à l’issue d’un rapide bain de foule avec des habitants de Saint-Denis, au sujet des 40 000 doses du nouveau vaccin Ixchiq, qui sont arrivées sur l’île.
Les doses de ce premier vaccin ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché européen sont administrées dans le cadre de la campagne de vaccination lancée au début d’avril ; elles sont pour l’instant destinées aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités. « Toutes les mesures de protection et de prévention, surtout pour les [femmes] enceintes », doivent être mises en place, a estimé M. Macron, qui échangera dans la journée avec l’agence régionale de la santé pour faire un point global sur l’épidémie.
Près de 100 000 personnes, soit un Réunionnais sur neuf, pourraient avoir été contaminées par cette maladie infectieuse transmise par le moustique-tigre – un impact pour l’instant moindre que celui de l’épidémie de 2005-2006, marqué par plus de 260 000 cas et plus de 250 morts.
Risque de saturation des centres de santé
Sur l’île, les difficultés restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier universitaire (CHU), Lionel Calenge, a demandé l’envoi de renforts médicaux compte tenu du risque de saturation des centres de santé. « Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre trente et quarante patients atteints de “chik” sur nos deux services d’urgence », ce qui génère « vraiment une grosse tension sur nos capacités », a-t-il alerté dimanche.
Au début d’avril, le CHU de l’île a déclenché le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés. « Si des renforts sont nécessaires, ils seront mis en place », a promis mardi le chef de l’Etat, avant de visiter la cathédrale de Saint-Denis avec son épouse et le ministre des outre-mer, Manuel Valls.
Autre défi pour La Réunion : faire face aux près de 250 millions d’euros de dégâts provoqués par le passage du cyclone Garance, le 28 février, dont 150 millions pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans. Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l’île (la canne à sucre représentant 53 % de la surface agricole) ont lourdement été touchées par les vents et les pluies de Garance, qui a fait cinq morts. A la même époque, l’an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l’île ; deux cyclones en deux ans qui témoignent de l’augmentation et de l’intensification de ces phénomènes météorologiques.
Renforts militaires
Le chef de l’Etat rencontre, mardi dans la matinée, des exploitants agricoles alors que l’île est autosuffisante aux trois quarts. La souveraineté alimentaire sera au cœur du cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien, jeudi à Madagascar.
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La Réunion y est représentée aux côtés de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles, mais pas de Mayotte, les Comores s’opposant à l’intégration de l’archipel dans l’organisation en raison d’un contentieux colonial. M. Macron y réaffirmera le « rôle stratégique de La Réunion dans la zone Indo-Pacifique », où la France aspire à se poser en puissance régionale aux côtés des Etats-Unis, de la Chine ou l’Inde.
« Depuis 2018, la France a une stratégie Indo-Pacifique. Nous avons mis beaucoup plus de moyens militaires et diplomatiques ces dernières années, et cela va encore se renforcer », a affirmé mardi le chef de l’Etat. « Nous allons ici, à La Réunion, augmenter d’environ 200 le nombre de militaires présents », qui « vont passer d’environ 1 600 à 1 800 », a-t-il ajouté, s’appuyant sur la dernière loi de programmation militaire.
Dans la zone Indo-Pacifique, on a « plus de 8 000 militaires », « les meilleurs équipements sur le plan maritime, aérien ou terrestre », « des missions régulières qui se multiplient », a poursuivi le chef de l’Etat. Lundi, à Mayotte, il a annoncé une enveloppe de plus de 3 milliards d’euros sur six ans pour financer le plan de « refondation » du département, meurtri par le cyclone Chido en décembre.