La centralisation des emplois et des transports, associée aux dérives de l’étalement urbain, a créé de la ségrégation dans les villes et appauvri les campagnes. Comment inventer un modèle d’aménagement qui assure l’accès universel aux besoins fondamentaux (eau, énergie, santé, alimentation de qualité…) et aux outils de l’émancipation (formation, emploi, culture, mobilités…) ? Des leviers efficaces existent : revitalisation des centres-bourgs, requalification des friches, nouveaux modes d’habiter et de travailler, construction sur les zones déjà artificialisées, connexion entre les politiques de réindustrialisation et du logement…
Vous dénonciez il y a un an « une crise massive, multiple, et [qui] touche tous les acteurs du logement – le social, le locatif privé, l’accession, le BTP ». Où en est-on ?
L’ensemble de ces acteurs ont été mobilisés sur les enjeux du logement avec le Conseil national de la refondation [créé en 2022 et conclu en juin en 2023], qui a d’une part dénoncé l’ampleur de la crise dans tout le secteur du logement, d’autre part formulé 300 propositions, dont aucune n’a été prise en compte. Un an plus tard, la crise est encore plus profonde qu’imaginé, avec un blocage sur l’ensemble de l’enjeu de la construction, donc une chute libre des programmes d’accession à la propriété. Beaucoup de locataires ne peuvent plus bouger de leur logement, la demande de HLM a augmenté…
Les seules mobilisations ont lieu dans des territoires qui ont une véritable politique de logement, qui ont cherché à soutenir des opérations bloquées pour des questions financières ou d’autorisations. Tout le monde a l’air de se dire : « C’est la crise, on va attendre. » Mais la question est aujourd’hui de savoir comment loger la population française qui a des besoins, qui est en mobilité, en mutation, et n’arrive pas à trouver de réponses à ces besoins-là.
Comment articuler urgences sociales et environnementales en matière de logement ?
Tout d’abord, articuler ces urgences ne veut pas dire qu’il ne faut pas construire de logements ; je me bats contre cette idée reçue. Pour répondre aux enjeux environnementaux, il y a des mesures très fortes à prendre : désartificialiser le maximum de foncier possible, y compris sur l’ensemble des parkings qui ne sont pas drainants, arrêter de faire de l’extension urbaine, construire des logements dont on maîtrise le coût et l’usage, afin de ne pas livrer des appartements chers à entretenir – la question des charges est un sujet social et environnemental.
Il vous reste 55.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.