Selon un rapport publié jeudi par l’ONG espagnole Caminando Fronteras, 30 migrants sont décédés, en moyenne, chaque jour en 2024.
L’année est également marquée par un afflux migratoire record dans l’archipel des Canaries.
Les routes migratoires vers l’Espagne plus meurtrières que jamais. Selon l’ONG Caminando Fronteras, plus de 10.400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre le pays en 2024. Une année marquée par un afflux migratoire record dans l’archipel des Canaries, selon un rapport publié jeudi.
Le nombre de décès est 58% supérieur à celui enregistré l’année dernière par l’ONG (6618 migrants morts ou disparus). D’après le rapport, 421 femmes et 1538 enfants et adolescents sont décédés. Ces migrants morts ou disparus étaient originaires d’au moins 28 pays, majoritairement africains, mais venaient aussi d’Irak et du Pakistan. La grande majorité des victimes (9757) ont été recensées lors de la traversée de l’océan Atlantique entre les côtes nord-ouest de l’Afrique et les îles Canaries, d’après les données de l’ONG.
« Une tragédie inadmissible »
« Ces chiffres mettent en évidence un profond échec des systèmes de sauvetage et de protection », a déclaré Helena Maleno, coordinatrice du rapport, dénonçant « une tragédie inadmissible ». Elle appelle « à ce que la priorité soit donnée à la protection du droit à la vie, à que soient renforcées les opérations de recherche et de sauvetage, et à ce que soit garantie la justice pour les victimes et leurs familles ». Parmi « les pratiques qui affectent directement le droit à la vie » des migrants, Caminando Fronteras pointe l’utilisation d’embarcations précaires, des départs dans des conditions météorologiques défavorables, le manque d’eau et de nourriture, et des équipements de navigation insuffisants.
Le nombre de migrants entrés de façon irrégulière en Espagne via les îles Canaries a fortement augmenté ces derniers mois, jusqu’à dépasser fin novembre le record annuel établi en 2023, selon le ministère de l’Intérieur. D’après les données du ministère, 43.737 migrants ont ainsi accosté dans cet archipel espagnol entre janvier et la mi-décembre, contre 36.888 sur l’ensemble de l’année dernière, soit une hausse de 18,6%.
Depuis le début de l’année, 60.216 migrants sont entrés illégalement en Espagne par voie terrestre ou maritime, d’après les autorités. Ces arrivées massives ont poussé les autorités des Canaries à tirer la sonnette d’alarme, en se disant notamment incapables de gérer l’afflux de mineurs non accompagnés qu’elles doivent prendre en charge dans des centres d’accueil.
Depuis des mois, le sujet de l’immigration gagne en importance dans le débat politique espagnol, jusqu’à s’immiscer dans le traditionnel discours de Noël du roi Felipe VI d’Espagne. « La manière dont nous serons capables d’aborder l’immigration – qui nécessite également une bonne coordination avec nos partenaires européens, ainsi qu’avec les pays d’origine et de transit – en dira long à l’avenir sur nos principes et la qualité de notre démocratie », a déclaré le monarque.