Peu après 16 heures, en cette fin janvier, à l’heure de la sortie des bureaux de l’ONU, dans l’ouest de Kaboul, le personnel local féminin termine sa journée. Dans les allées du vaste complexe onusien se croisent hommes et femmes, salariés afghans et internationaux, laissant une impression de normalité dans ce pays qui vit sous la loi islamiste depuis le retour des talibans au pouvoir, en août 2021. A l’extérieur, des voitures attendent ces Afghanes. D’autres montent dans des minibus. Toutes reviendront le lendemain. Cette scène n’a pourtant rien d’anodin. Les Nations unies et ces femmes dérogent à la règle qui interdit aux ONG et autres organisations internationales d’accueillir des employées locales, si ces dernières ne sont pas strictement séparées de toute présence masculine.
Une situation dont le chef spirituel et politique du mouvement islamiste, l’émir Haibatullah Akhundzada, ne veut plus entendre parler. Début décembre 2024, il a réuni dans son fief de Kandahar, dans le sud du pays, les principales figures du régime pour imposer, par décret, la fermeture de toutes les ONG nationales et étrangères employant des femmes afghanes. Cette mesure est contestée par certains participants et, pour l’heure, repoussée. Mais ce n’est qu’une question de temps. L’avenir des ONG, y compris de l’ONU, est au cœur d’un bras de fer entre clans talibans, dont l’issue semble favorable aux plus conservateurs, soucieux de préserver leur autorité aux yeux de la base talibane la plus radicale. Le 26 décembre, le ministère de l’économie et des finances taliban, dont dépendent les ONG, a fait savoir que toute structure ne se conformant pas à cette mesure se verrait retirer sa licence d’exploitation.
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