Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a réaffirmé, mercredi 28 août, à Berlin sa volonté, symbolisée par la signature prochaine d’un traité de coopération inédit et « ambitieux » avec l’Allemagne, de se rapprocher de l’Union européenne (UE) après le Brexit.
Reçu par le chancelier allemand, Olaf Scholz, pour sa première série de rencontres bilatérales à l’étranger, avant de se rendre à Paris, Keir Starmer a présenté le texte à venir comme « la chance d’une génération » de resserrer les liens entre les deux pays dans différents domaines, dont le commerce, la défense, la science et la technologie.
Cette redéfinition des liens avec l’Allemagne, et plus généralement avec l’UE, « ne signifie pas qu’il faille revenir sur le Brexit ou réintégrer le marché unique ou l’union douanière, mais cela signifie une relation plus étroite », a-t-il souligné. Olaf Scholz a dit vouloir « saisir cette main tendue » par Londres, quatre ans et demi après le divorce houleux du Brexit. Un accord sur ce traité est attendu d’ici la fin de l’année, selon M. Starmer.
Berlin, deuxième partenaire commercial de Londres
En fonction depuis juillet après quatorze ans de pouvoir conservateur, le chef du gouvernement britannique, le travailliste Keir Starmer, s’est engagé à rétablir une relation de confiance avec ses alliés européens, et souhaite notamment négocier un nouveau pacte de sécurité et un meilleur accord commercial avec les Vingt-Sept.
En juillet, deux semaines après son élection, le premier ministre britannique, qui accueillait un sommet de la communauté politique européenne en Angleterre, avait promis que le Royaume-Uni serait « un ami et un partenaire » pour les pays membres de l’UE.
L’accord en préparation avec l’Allemagne, deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, est « une chance de créer des emplois ici et au Royaume-Uni » et de « fournir le bien le plus précieux à nos deux pays, la croissance économique », selon le dirigeant britannique.
Keir Starmer s’est fixé comme priorité le redressement de l’économie britannique. Le premier budget du gouvernement travailliste, qui sera présenté fin octobre, promet d’être « douloureux » après le « trou noir économique » laissé par les conservateurs, a-t-il prévenu récemment. « La croissance est la mission numéro un de mon gouvernement », a-t-il martelé depuis l’Allemagne.
Lutte contre l’immigration et soutien à l’Ukraine
Berlin et Londres souhaitent également renforcer leur coopération dans la lutte commune contre l’immigration illégale. « La meilleure façon, la plus efficace, d’y parvenir est de s’attaquer aux gangs de passeurs », a souligné M. Starmer, qui, dès son arrivée au pouvoir, a abandonné le projet de ses prédécesseurs d’expulser les immigrants clandestins vers le Rwanda.
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La question migratoire est particulièrement sensible dans les deux pays, notamment à la suite d’attaques au couteau récentes : celle de Southport en Angleterre fin juillet a provoqué des émeutes racistes et islamophobes, tandis que celle de Solingen, vendredi, a relancé le débat sur l’accueil des réfugiés en Allemagne.
Lors de leur rencontre, les deux chefs de gouvernement ont aussi évoqué le soutien militaire à l’Ukraine, dont ils sont de très importants contributeurs. Les alliés occidentaux de Kiev ont réagi avec prudence à l’assaut sans précédent mené par l’Ukraine dans la région russe de Koursk depuis le 6 août, préparé « secrètement » selon Olaf Scholz, et que l’Allemagne dit suivre « attentivement ».
Ce dernier a réaffirmé mercredi que Berlin, deuxième fournisseur d’aide militaire à l’Ukraine après les Etats-Unis, continuerait à soutenir la lutte de Kiev contre l’invasion russe, malgré les projets de son gouvernement de réduire de moitié le budget bilatéral dans ce domaine l’an prochain en 2025. M. Starmer a appuyé cet engagement à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ».
Les deux dirigeants ont toutefois déclaré qu’il n’y avait « aucune nouvelle décision » concernant les armes données à l’Ukraine, alors que Volodymyr Zelensky appelle régulièrement les Occidentaux à autoriser son pays à utiliser leurs armes à longue portée sur le sol russe, ce qu’ils refusent.
Après Berlin, Keir Starmer est attendu à Paris mercredi soir pour assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques et doit être reçu jeudi par le président français, Emmanuel Macron, à l’Elysée.