Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), en tête de certains sondages nationaux, a annoncé, lundi 5 mai, une action en justice contre la décision du renseignement intérieur de le classer comme parti « extrémiste de droite avéré » pouvant représenter un danger pour l’ordre démocratique. Une requête contre la décision de l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV) a été déposée devant le tribunal administratif de la ville de Cologne, a précisé un porte-parole de l’AfD.
Après l’annonce de vendredi, le parti avait dénoncé un « coup dur pour la démocratie allemande » et une décision « motivée politiquement ». Le parti « continuera à se défendre juridiquement contre ces diffamations dangereuses pour la démocratie », avaient déclaré les chefs du parti, Alice Weidel et Tino Chrupalla, dans un communiqué.
L’idéologie de l’AfD, qui « dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine », n’est « pas compatible avec l’ordre démocratique fondamental », a estimé le BfV dans sa décision. Ce classement confère aux autorités d’importants moyens de surveillance et de contrôle, y compris des communications privées de responsables du parti.
« Examen exhaustif et neutre »
Dans son communiqué vendredi, l’office a insisté en particulier sur « l’attitude du parti globalement hostile aux migrants et aux musulmans ». « L’agitation continue contre les réfugiés ou les migrants favorise la propagation et l’approfondissement de préjugés, de ressentiments et de peurs envers ce groupe de personnes », a encore estimé le service de renseignement.
La décision a relancé le débat sur une éventuelle interdiction de l’AfD, un des premiers dossiers chauds pour Friedrich Merz, qui doit encore être élu au poste de chancelier mardi, tandis que Washington a pris fait et cause pour le parti d’extrême droite. Le vice-président américain, J. D. Vance a accusé l’Allemagne de reconstruire un « mur de Berlin », tandis que le secrétaire d’État, Marco Rubio, a qualifié cela de « tyrannie déguisée » et a estimé que « l’Allemagne devrait inverser sa décision ». Le renseignement intérieur « opère de manière autonome » et sa décision résulte d’« un examen exhaustif et neutre », s’est défendu la ministre de l’intérieur, Nancy Faeser.
Créé en 2013, l’AfD a réalisé une percée historique lors des élections législatives du 23 février en arrivant deuxième avec plus de 20 % des voix, doublant son score précédent. Depuis, le parti a même dépassé dans certains sondages l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de Friedrich Merz.