Le document reprend l’argumentaire pacifiste porté depuis longtemps par l’aile gauche du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD). Un « Manifeste pour la paix en Europe grâce aux capacités de défense, au contrôle des armements et à la compréhension mutuelle », publié mercredi 11 juin et signé par une centaine de personnalités membres ou proches du SPD, a pourtant une portée politique explosive : en appelant à un « tournant dans la politique étrangère et de sécurité » de Berlin et à une « reprise du dialogue avec Moscou », le texte fustige la ligne adoptée par la direction du SPD depuis les élections législatives du 23 février. Les sociaux-démocrates ont en effet négocié leur participation au gouvernement, sous l’égide des conservateurs (CDU-CSU), sur la base d’un réarmement de la Bundeswehr et d’un soutien plus affirmé à l’Ukraine face à la Russie.
Sur six pages, ce groupe de signataires baptisé « cercle de la paix du SPD » déplore que l’Europe soit actuellement « très éloignée d’un ordre de paix et de sécurité » : « En Allemagne et dans la plupart des Etats européens, des forces se sont imposées pour prôner une stratégie de confrontation militaire et des centaines de milliards d’euros pour le réarmement », critiquent les auteurs. S’ils reconnaissent l’impératif d’une Europe capable de se défendre, ils appellent à une stratégie de « désescalade » plutôt qu’à une « nouvelle course aux armements ». Le document qualifie d’« irrationnelle » l’augmentation du budget de la défense « à 3,5 % ou 5 % du produit intérieur brut (PIB) », comme l’envisage le gouvernement du nouveau chancelier Friedrich Merz (CDU). A ce jour, l’Allemagne dépense 2,1 % de son PIB pour son armée.
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