« Ce soir-là, nous avons entendu un bruit infernal. J’avais l’impression qu’un avion avait largué une bombe, que c’était la guerre », raconte Abdullah, quinquagénaire à la peau brûlée par le soleil, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. L’agriculteur se tient au bord d’un cratère d’une vingtaine de mètres de diamètre qui défigure son champ de blé. Il y a un an, la terre s’est effondrée sur une quarantaine de mètres de profondeur en un gouffre parfaitement cylindrique. Les parois étonnamment lisses, au dégradé blanc et ocre, laissent deviner un millefeuille de couches calcaires.
Habitant d’un petit hameau de la ville de Karapinar, dans la région de Konya, en Anatolie centrale, Abdullah s’est habitué, dit-il, à la réalité des obruk (« dolines », en français). Ces affaissements du sol peuvent aller de quelques mètres à une centaine de mètres de diamètre et s’enfoncer sur une centaine de mètres de profondeur. De plus en plus fréquentes dans cette région aride, les dolines sont devenues le symbole de la sécheresse et de l’épuisement des ressources en eau qui concernent l’ensemble de la Turquie.
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