Quatre ONG angolaises, dont l’une affiliée à l’Eglise catholique, ont dénoncé, mardi 5 août, des « exécutions sommaires » durant la répression de manifestations ayant fait au moins 30 morts dans la dernière semaine de juillet – l’un des pires épisodes de violence depuis des années dans ce pays, géant pétrolier d’Afrique australe. Des dizaines de magasins et entrepôts de Luanda ont été pillés et des véhicules attaqués, les 28 et 29 juillet, quand une grève de trois jours des chauffeurs de taxi contre l’augmentation du prix des carburants a dégénéré.
« Au lieu de maintenir l’ordre public avec mesure, dans le respect de la loi et de la dignité humaine, l’action de la police a fait couler le sang et entraîné des exécutions sommaires et arbitraires », accuse un collectif d’ONG mené par la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale des évêques catholiques. Plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des « agents de la police nationale tirer de façon aveugle sur des foules », soulignent les ONG, qui appellent à des « enquêtes indépendantes ». Parmi les victimes, la mort de Silvia Mubiala, mère de six enfants, tuée par balle alors qu’elle tentait de protéger son petit garçon, a choqué l’opinion sur les réseaux sociaux.
D’après la police angolaise, 30 personnes, dont un de ses membres, ont trouvé la mort dans les violences et plus de 270 individus ont été blessés. Plus de 1 500 personnes ont été arrêtées, 118 entreprises vandalisées et 24 bus publics attaqués, précise-t-elle. Le président angolais, Joao Lourenço, a dénoncé vendredi des « crimes punissables et condamnables » de la part de pillards. Tout en présentant ses « plus sincères condoléances à toutes les familles endeuillées », il a adressé ses « remerciements aux forces de l’ordre ». Son parti, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), est à la tête du pays depuis l’indépendance, en 1975.
Cette grève était la dernière d’une série de manifestations organisées en juillet contre la hausse du prix du carburant, passé de 300 à 400 kwanzas (de 0,28 à 0,38 euro) le litre le 1er juillet, après la décision du gouvernement de réduire ses importantes subventions sur les carburants. Cette hausse a suscité la colère d’une grande partie des 36 millions d’habitants du deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, déjà sous la pression d’une inflation d’environ 20 % et d’un taux de chômage de près de 30 %.