Comme l’écrit joliment Amadeu Batatinha, chroniqueur au journal Novo Jornal, l’Angola est le pays du « revenez demain ». A chaque demande de permis, certificat ou allocation, l’administration donne souvent la même réponse : « Revenez demain, peut-être que ce sera prêt. » « La bureaucratie est une usine à frustration », poursuit Amadeu Batatinha, laquelle « alimente un sentiment de découragement et de défiance vis-à-vis des institutions ». Le problème est d’une telle ampleur que le principe de la simplification administrative a été inscrit dans l’article 199 de la Constitution du pays…
Cette bureaucratie est l’une des manifestations d’un Etat tout-puissant, qui tire les deux tiers de ses recettes fiscales de la vente d’hydrocarbures. « Les revenus du pétrole ont donné naissance à un Etat hégémonique qui n’a même pas besoin de l’argent des contribuables pour fonctionner, puisque les impôts sur le revenu n’existaient pas jusqu’à récemment, et qui ne rend de comptes à personne », déplore Paulo Inglês, sociologue à l’université Piaget de Luanda.
En Angola, l’Etat est incontournable, que ce soit pour obtenir une licence d’importation ou une concession pour exploiter des terres. Il contrôle une grande partie de l’économie à travers des entreprises publiques dans les secteurs-clés du pétrole et des diamants. Une domination qui est aussi l’héritage de la planification économique d’inspiration soviétique mise en place par le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le parti qui s’est maintenu au pouvoir sans interruption depuis l’indépendance du pays, ancienne colonie portugaise, en 1975.
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