Pour rien au monde elles ne retourneraient en Arabie saoudite. Interrogées par l’organisation Amnesty International, 72 Kényanes, employées domestiques entre 2020 et 2024 dans ce pays du Golfe, ont confié avoir été victimes de racisme, d’enfermement et, pour certaines, de viols pendant leur séjour. Des témoignages rendus publics mardi 13 mai, jour de l’arrivée à Ryad du président américain, Donald Trump, pour une visite officielle.
« Je n’avais aucune liberté, car une fois que vous êtes à l’intérieur [de la maison], vous ne sortez plus. Vous n’allez pas dehors et vous ne voyez pas l’extérieur. J’avais l’impression d’être en prison », raconte Joy (les prénoms ont été changés) dans le rapport intitulé « Enfermées, exclues : les vies cachées des travailleuses domestiques kényanes en Arabie saoudite ». Dans le royaume de 36 millions d’habitants, près de 4 millions de personnes sont employées dans ce secteur, dont un peu plus de 150 000 Kényans, selon les statistiques officielles citées par Amnesty.
Dans le document de 96 pages, à la fois détaillé et didactique, l’ONG dénonce des « conditions de vie épouvantables » et des « conditions de travail éprouvantes, abusives et discriminatoires qui s’apparentent souvent au travail forcé et à la traite d’êtres humains ». D’après les femmes interrogées, les employeurs saoudiens confisquent aux domestiques leur passeport et recourent à la « kafala », un système qui fait des employées la propriété de leur « parrain » en les excluant des dispositions du droit du travail local.
Il vous reste 73.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.