Les amulettes bardent la cabine du capitaine. Posée sur l’écran de contrôle, une figurine de saint Georges terrassant un dragon depuis son cheval. Entre les boutons de commande, une image de l’archange Michel, lui aussi maîtrisant le mal. Et, juste derrière le gouvernail, une représentation mariale. Ces porte-bonheur veillent à la sécurité en mer, croit Miguel De Tomaso, 41 ans, le capitaine, mais ne garantissent plus la robustesse économique du navire. « On passe un sale moment », souffle-t-il depuis le Francesca, à quai pour entretien, au port de Mar del Plata, en cette mi-avril.
Comme ce capitaine, le port, situé à 400 kilomètres au sud de Buenos Aires, le principal en volume de l’Argentine, fait la moue depuis plusieurs mois, reflet des contradictions de l’économie argentine, depuis l’arrivée de l’ultralibéral Javier Milei au pouvoir, en décembre 2023. Au café Michelangelo, à quelques pas de là, un groupe de six capitaines sexagénaires, pêcheurs de père en fils, partagent un café, lors d’une matinée grise et humide de repos. « L’industrie est dans une situation compliquée, on ne sait pas si la prochaine sortie en mer permettra de couvrir les coûts », estime l’un d’eux, Alejandro Sacchetta, 60 ans.
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