LETTRE DE VIENNE
Portant l’habit de prière et le voile traditionnel enserrant leur visage, les nonnes de Goldenstein avaient l’air dans leur élément mercredi 3 décembre dans la salle de spectacle viennoise où elles étaient invitées à la présentation d’un livre consacré à leur histoire. « On est pourtant juste parties sans permission de notre maison de retraite… », confiait sœur Bernadette, 88 ans, déclenchant l’hilarité de sa camarade, sœur Rita, 82 ans. Et de se lancer ensuite dans un discours à deux voix plein d’anecdotes gentillettes sur la façon dont elles occupent, sans autorisation, depuis début septembre leur ancien monastère, un gigantesque château situé à Elsbethen, près de Salzbourg, après avoir fui leur Ehpad.
Avec sœur Regina, 86 ans, visiblement plus fatiguée, et qui a préféré rester discrètement assise avec le public, les trois octogénaires sont devenues célèbres dans toute l’Autriche. Ce soir-là, le public viennois a payé 34 euros pour les voir dénoncer la façon dont elles estiment avoir été maltraitées par l’Eglise. « C’était écrit dans notre contrat qu’on pouvait rester jusqu’à la fin de notre vie dans notre monastère », a expliqué sœur Bernadette, en accusant leur supérieur, le prévôt Markus Grasl, de les avoir envoyées sans leur consentement en maison de retraite en décembre 2023, un an après avoir été nommé à la tête de leur congrégation augustine réduite à peau de chagrin ; les trois sœurs étaient les dernières à vivre dans la vieille bâtisse de Goldenstein.
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