La justice bolivienne a rétabli le mandat d’arrêt pour détournement de mineure contre l’ancien président Evo Morales, qui avait été annulé le 30 avril par une juge, a annoncé le ministre de la justice, César Siles, vendredi 2 mai. « Non seulement le mandat [est toujours en vigueur], mais aussi la procédure, l’accusation, la juridiction » où l’affaire est instruite, a déclaré M. Siles à la chaîne publique Bolivia TV.
Selon le ministre, la décision de la juge Lilian Moreno, de la ville de Santa Cruz (est du pays), qui avait annulé les poursuites contre Evo Morales, a été suspendue à titre provisoire par un magistrat du tribunal départemental de justice de La Paz, la capitale administrative du pays. Le motif de cette suspension n’était pas immédiatement connu.
Le parquet avait ordonné, en octobre 2024, l’arrestation du leader indigène de 65 ans, qui entend briguer un quatrième mandat à la tête du pays andin à l’occasion de l’élection présidentielle du 17 août. Evo Morales s’était alors réfugié dans son fief du Chapare, dans le centre du pays, où la police n’est jamais intervenue pour l’interpeller.
Inéligibilité
Premier chef d’Etat bolivien (2006-2019) d’origine indigène, Evo Morales est accusé de « traite » d’une mineure en raison d’un présumé arrangement conclu, en échange d’avantages, avec les parents d’une adolescente de 15 ans. Selon le parquet, il aurait entretenu en 2015 une relation avec cette jeune fille, de laquelle une fille serait née un an plus tard.
L’ancien dirigeant a toujours rejeté ces accusations et fait valoir qu’une enquête pour les mêmes faits avait été classée sans suite en 2020. Il se dit victime d’une « persécution judiciaire » du gouvernement du président Luis Arce, son ancien ministre de l’économie.
Evo Morales souhaite revenir au pouvoir malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle ayant confirmé, à la fin de 2024, l’interdiction pour un président d’exercer plus de deux mandats.