- Le président brésilien était l’invité de Darius Rochebin ce lundi 9 juin sur LCI.
- De Kiev à Gaza, en passant par l’accord UE-Mercosur, Lula a abordé de nombreux sujets internationaux.
- Morceaux choisis.
Pour la seconde fois, le président brésilien a accordé un long entretien à Darius Rochebin, diffusé ce lundi 9 juin sur LCI, et que vous pouvez retrouver en intégralité dans la vidéo ci-dessus. Luiz Inácio Lula da Silva a répondu aux questions sur l’accord UE-Mercosur, sur d’éventuelles négociations en Ukraine, sur la guerre à Gaza et sur le multilatéralisme – non sans égratigner Donald Trump au passage.
Mercosur
« Je veux profiter de cet entretien pour dire au peuple français, en vous regardant dans les yeux, que cet accord est bon pour la France »
. Lula aura beaucoup cherché à convaincre, à l’occasion de cette interview sur LCI, que cet accord commercial entre l’UE et l’Amérique du Sud ne nuirait pas aux agriculteurs français, qui lui sont très hostiles. « L’accord va être signé entre l’Europe et le Mercosur (…), je suis certain que nous allons conclure cet accord »
, a assuré le président brésilien, qui prendra la présidence tournante le 6 juillet prochain du Mercosur, le marché commun de l’Amérique du Sud.
Il a rappelé avec fermeté qu’un pays à lui seul ne pourrait pas refuser l’accord, pour lequel la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, est mandatée par l’UE. « Ce que j’ai dit au président Macron hier, c’est que nos divergences sont minimes, elles sont très petites »
, en estimant que « le Brésil n’a créé aucun problème pour le vin, le champagne, ou les produits laitiers français »
.
Il a cherché à rassurer, en martelant que « cet accord est bon pour les agriculteurs français et pour les agriculteurs brésiliens »
, estimant que les agricultures française et brésilienne sont « complémentaires »
. « Macron est certain que le Brésil est son meilleur allié en Amérique du Sud, et je suis convaincu que c’est aussi mon meilleur allié en Europe, pourquoi donc ne pas signer avec l’Europe ? »
, a conclu Lula.
Guerre en Ukraine
Le président brésilien est connu pour une certaine proximité avec le Kremlin, qui lui avait fait déclarer il y a quelques mois : « Zelensky est aussi responsable que Poutine »
de la guerre en Ukraine. Interrogé sur cette position, il a cherché à nuancer en rappelant que le Brésil a été dès le départ contre l’occupation territoriale de l’Ukraine par la Russie. Il a également raconté sa rencontre récente avec le président russe à Moscou, qu’il aurait cherché à convaincre de mettre fin au conflit.
« Il faut s’asseoir à la table des négociations, il faut le faire »
, aurait-il intimé à Vladimir Poutine, selon son récit de ce face-à-face. « Il faut commencer par un cessez-le-feu
« , estime-t-il encore, insistant sur la nécessité de « discuter »
. Lula aurait d’ailleurs demandé directement à Poutine de se rendre à Istanbul pour un face-à-face avec son homologue ukrainien à la table des négociations.
Multilatéralisme
La situation en Ukraine est l’occasion pour le président brésilien d’en appeler au secrétaire général de l’ONU pour jouer les médiateurs entre Kiev et Moscou. Quant à ramener la Russie de Vladimir Poutine dans les instances internationales comme le G8, il en a profité pour rappeler que « le Brésil devrait être au G8 »
, compte tenu de son poids économique désormais majeur. « C’est un club sélectif des pays dominateurs »
, a-t-il martelé, soulignant le déséquilibre avec les pays du Sud.
Pour lui, l’ONU est le centre de décision au niveau international, même si elle est affaiblie : « aujourd’hui l’ONU n’est respectée par personne »
. Le président brésilien estime que pour reprendre sa force d’intervention dans les affaires internationales, l’Organisation doit dorénavant s’ouvrir réellement à tous, en faisant notamment une place plus grande au continent africain. « La géographie politique de 2025 n’est plus celle de 1945 »
, a-t-il martelé.
Donald Trump, gendarme du monde ?
« Si Trump veut mettre fin au multilatéralisme, il n’y parviendra pas. Il a été élu pour être président des États-Unis, (…) personne ne l’a choisi pour diriger le monde »
, a attaqué le président brésilien sur LCI. Trump « n’est pas le gendarme du monde »
, a-t-il insisté, voyant dans le président américain le contraire du multilatéralisme pour lequel il milite. « Il doit savoir qu’il n’est pas seul »
, a poursuivi Lula à propos de son homologue américain, « aucun pays ne peut être méprisé, même s’il est petit »
.
Guerre à Gaza
Le président brésilien a évoqué la force politique qu’aurait la reconnaissance par Paris d’un État palestinien. La France « est un pays qui a fait une révolution, la fraternité »
, qui ne peut pas être en accord avec ce qu’il tient pour « un génocide en cours à Gaza »
. Lula a beaucoup insisté sur ce terme dans son développement, estimant à plusieurs reprises, que « ce n’est pas une guerre, c’est un génocide ».
Quant à la responsabilité du Hamas, il considère qu’« il y a plus de femmes et d’enfants tués que de combattants du Hamas, c’est tout ce que je sais (…) Il faut créer un État palestinien, et ne pas détruire Gaza »
.